Last Updated on 13 novembre 2020 by Thibault Dreze
Remonté la saison passée en Premier League, Wolverhampton n’en finit plus d’impressionner l’Angleterre. Qualifiés pour la Coupe d’Europe dès leur retour parmi l’élite, les Wolves se battent à nouveau pour le précieux sésame européen. Le tout en accrochant régulièrement les gros bras de la compétition. Le mérite en revient à son brillant entraîneur portugais (et à des mercatos de qualité).
« Nuno est meilleur comme coach que comme joueur » : le compliment émane de José Mourinho himself. Et le Special One sait de quoi il parle : il a eu l’actuel entraîneur de Wolverhampton dans son noyau, du temps où il coachait le FC Porto. Nuno était un gardien de but qui n’a pas spécialement marqué sa génération de son empreinte, mais qui peut se targuer d’avoir remporté quatre fois le championnat portugais et la Ligue des Champions en 2003 (comme deuxième gardien). Il raccroche les crampons dans l’indifférence générale, en 2010, après avoir disputé 52 matchs en 5 saisons chez les dragons, entrecoupé de prêts dans des équipes plus modestes. On le retiendra plus pour avoir été le tout premier client de Jorge Mendes, le célèbre agent qui s’occupe actuellement des intérêts du Special One.
La semaine passée, à l’occasion de Tottenham-Wolverhampton, José Mourinho a pu se rendre compte des progrès réalisés par son ancien réserviste, puisque ce dernier a remporté la bataille tactique, permettant aux Wolves de s’imposer 2-3. C’est la première victoire de Nuno face à son ex-mentor et une énième confirmation qu’il est un des managers les plus influents du championnat.
Évolution pas à pas
Ses premiers pas après sa carrière de joueurs sont en tant qu’entraîneur des gardiens. Dans l’ombre du coach principal, son compatriote Josualdo Ferreira, il se fait aux réalités du métier. La première expérience, en 2010, à Malaga, tourne au fiasco : tout le staff est remercié en novembre suite aux mauvais résultats. Un staff qui retrouvera du travail quelques jours plus tard du côté du Panathinaikos. Aller se faire voir chez les Grecs était un bon plan puisque le club termine deux fois deuxième derrière l’intraitable Olympiakos. Une bonne note qui lance notre homme vers la fonction d’entraîneur principal.
Il revient au pays pour s’asseoir sur son premier banc de touche du côté de Rio Ave. Cela ne l’empêche pas de porter une attention particulière aux gardiens. Ces derniers profiteront de ses conseils pour s’imposer dans de meilleurs clubs. Leur nom : Jan Oblak et Ederson, ils jouent actuellement pour l’Atletico Madrid et Manchester City et figurent parmi les meilleurs à leur poste. Son bon travail se traduit au classement : avec de petits moyens, Rio Ave finit septième.
Des bonnes perfs qui lui ouvrent les portes de la Liga : il atterrit à Valence. Là-bas aussi, les échos sont plutôt bons : le club finit quatrième avant de se qualifier pour les poules de la Ligue des Champions. Sa deuxième saison est moins aboutie : l’équipe doit faire face à beaucoup de départs, les résultats ne suivent pas, et fin novembre, l’entraîneur et le club se séparent d’un commun accord. S’en suivent ensuite six mois où il reste sans banc de touche. Avant de revenir à la maison par la grande porte.
En juin 2016, le FC Porto, où il a évolué comme joueur lui donne la mission de remettre le club tout en haut du classement après être resté dans l’ombre du Benfica Lisbonne. Une mission qui ne sera pas remplie malgré une belle saison marquée par une qualif’ pour les huitièmes de finale de Ligue des Champions. Porto finit à six points de l’ennemi lisboète. Mais plutôt que de retenter le défi, Nuno se laisse attirer par l’Angleterre : en juin 2017, il débarque en Championship, à Wolverhampton.
L’equipe surprise
Il arrive dans un projet ambitieux : les Wolves végètent dans le ventre mou du Championship depuis quelques saisons et ont l’ambition de retrouver la sacro-sainte Premier League. C’est pour cela qu’ils engagent Nuno et répondent à toutes ses envies de transfert. C’est ainsi que débarquent quelques joueurs qu’il a eu sous ses ordres : Ruben Neves, Willy Boly et Diego Jota. Avec des joueurs pareils, les loups survolent le championnat et sont champions avec 99 points.
Pour le grand retour en Premier League, le club ne bouleverse pas tout : il garde l’ossature de l’équipe de la saison précédente, tout en la renforçant encore un peu. La filière portugaise est de nouveau activée avec Rui Patricio, Raul Jimenez et Joao Moutinho, en plus de l’arrivée du Belge Leander Dendoncker et d’Adama Traoré.
De l’ombre de la Championship, Nuno se retrouve dans la lumière. L’Angleterre découvre alors celui qui dirige son équipe comme un berger dirige ses moutons. Conscient de tous les prédateurs qu’il va devoir affronter chaque semaine, il persuade son noyau de la nécessité de rester groupé pour mieux parer aux attaques adverses. Il construit un véritable bloc-équipe à base de courses, de jeu direct et de défense à trois. Une philosophie exigeante, mais pourquoi s’en priver avec un tel effectif ? Car, comble du bonheur pour un entraîneur, ses joueurs sont prêts à tout pour le collectif et suivent leur guide les yeux fermés, il n’y a pas de brebis galeuses.
À l’image d’un Dendoncker tantôt en défense au côté des routiniers Boly, Saiss ou Coady, tantôt dans l’entrejeu pour apporter du muscle à la créativité sans limites du duo Neves-Moutinho. Sur les ailes, les sprints incessants de Matt Doherty et d’Adama Traoré font oublier qu’ils sont seuls pour couvrir tout le flanc. Devant, le sens du but de Jimenez et de Jota fait des miracles (déjà 25 buts à eux deux cette saison). Avec un troupeau de joueurs aussi à l’écoute, le berger Nuno fait des merveilles chaque semaine à Molineux.
Le règne de Nuno est à l’image d’une transhumance réussie : elle a commencé dans les brumeuses vallées de Championship pour finir dans les verts pâturages de l’Europe. De quoi atteindre les plus hautes cimes du classement ? La marche est sans doute un peu haute, mais laissons les Wolves profiter de leur belle spirale avant de viser plus haut.
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