« The English Game »: la démocratisation du football, sans football

Last Updated on 23 avril 2020 by Thibault Dreze

Netflix gâte décidément les fans de football. Entre « Sunderland ‘Til I die » et ce « The English Game », la plateforme aide les fans de ballon rond à traverser cette période exceptionnellement creuse.


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Derrière ce titre un brin provocateur se cache une certaine réalité. « The English Game » est une série historique plus qu’une série sportive. Ce n’est pas un reproche, mais bien une indication nécessaire pour ceux qui s’attendaient à voir du foot et encore du foot.

Créée, en partie, par Julian Fellowes, l’homme derrière « Downton Abbey », cette fiction historique britannique démarre en 1879. Une année qui verra, pour la première fois une équipe issue du monde ouvrier atteindre les 1/4 de finale de la fameuse, et toujours vivante, FA Cup. En effet, le football était une activité destinée aux gentlemens, autrement dit, gens fortunés et donc avec une vocation de sport amateur.

Il ne sera donc pas question ici, comme certains peuvent le penser, d’une série sur la création du football, mais bien sur sa professionnalisation et sa démocratisation à toutes les franges de la société. Sur fond de luttes des classes, l’histoire nous fait suivre le destin de Fergus Suter et son ami Jimmy Love venus du Patrick FC en Écosse. Suter, alors considéré comme un génie du football, débarque au Darwen FC, le club d’une ville du Nord du pays gérée par le patron d’une usine textile.

Ils seront parmi les premiers à être rémunérés pour pratiquer le football, ce qui à l’époque était contraire aux règles, et sont donc, d’une certaine manière, les précurseurs du football professionnel.

Working Class Hero

Il est surtout intéressant de remarquer que beaucoup de thèmes évoqués dans la série et donc relatifs aux balbutiements du football font écho aujourd’hui. On y parle de salaire, d’achat de joueur, de transferts vers un club rival, de fidélité à un club, de comportements des joueurs et spectateur, mais aussi de règles et surtout de technique de jeu. Une preuve que le football a été et est en constante mutation.

Mais la série est avant tout une histoire de contexte historique. Révolution industrielle, grèves, révoltes ouvrières et lutte des classes sont partie intégrante de cette série qui évoque le football, déjà, comme échappatoire pour les classes ouvrières.

Cette fresque dépeint le contexte économico-social peu reluisant de l’époque (violence, alcoolisme, chômage, pauvreté) et la place du football dans celui-ci. Et comment les deux camps, représentés par des protagonistes réels, Arthur Kinnaird (l’élite) et Fergus Suter (prolétariat), s’opposent avant de finalement s’associer pour rendre le football accessible aux franges inférieures de la population.

Si picturalement la série est intéressante en termes de cadres soignés et de costumes fidèles (pour les joueurs aussi), on tombe parfois un peu vite dans la caricature. Comme l’observe le Guardian, « la nouvelle série de Netflix est loin d’être ce qu’elle aurait pu être, et n’est guère plus qu’un méli-mélo de stéréotypes de Downton Abbey et de clichés problématiques. Les dandys sont généralement affreux, les banques saisissent tout ce qui peut l’être et les prolos, sont bagarreurs et pervers sexuels ».

Vous l’aurez compris, la série n’a pas reçu une critique très positive outre-Manche. Considérée comme une occasion gâchée au Royaume-Uni, la série n’est, certes, pas parfaite en termes d’intrigue. Elle peut cependant servir à appréhender un contexte social, même en surface et permet d’en savoir (un peu) plus sur les origines du football. Finalement, elle aborde deux thèmes sans en approfondir aucun des deux. Dommage.

BONUS :

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