Last Updated on 13 novembre 2020 by Thibault Dreze
Dans la vie, il y a ceux qui prennent leur temps et ceux qui sont pressés. Jude Bellingham appartient très clairement à la deuxième catégorie. Ses 17 ans fêtés il y a un mois seulement, voilà que le Borussia Dortmund va mettre 25 millions d’euros sur la table pour acquérir le kid de Birmingham. Une somme folle pour un ado qui pourrait s’avérer une véritable affaire dans quelques années.
Cet été, le mercato s’annonce plus calme que les autres années. C’est du moins ce qu’il se murmure. La crise du Coronavirus a privé les clubs de liquidité et nombre d’entre eux ne pourront plus se permettre de faire des folies. Et à ce petit jeu-là, mettre des millions sur un jeune crack qui doit encore confirmer (comprenez qui est encore abordable financièrement) risque bien d’être un placement à la mode.
Le Borussia Dortmund l’a parfaitement compris : le club de la Ruhr devrait finaliser sous peu le transfert de Jude Bellingham, à peine 17 ans et une saison pro à Birmingham derrière lui. Un peu cher ? João Félix a coûté 126 millions alors que lui aussi n’avait qu’une saison pro dans les pattes. Certes, Jorge Mendes a sans doute un peu gonflé le montant, mais à côté, c’est – presque – une bouchée de pain.
Big point last night, two huge games left.🧞♂️#KRO #JB22 pic.twitter.com/t7gepcCRtt
— Jude Bellingham (@BellinghamJude) July 16, 2020
Un box to box comme Box To Box les aime
Quand on regarde les temps forts de sa saison, on comprend vite pourquoi Dortmund est immédiatement tombé sous le charme. Bellingham dispute ses toutes premières minutes en professionnel le 6 août dernier sur la pelouse de Portsmouth, en Carabao Cup à l’âge de 16 ans et 38 jours. De quoi effacer le record du légendaire Trevor Francis, déjà un kid de Birmingham. Le match, quant à lui, ne restera pas dans les mémoires : une vilaine défaite 3-0. Pas le genre de début dont on rêve forcément.
La suite a par contre tout d’un conte de fée : fin août, lors d’un match contre Stoke, Jude remplace Jefferson Monteiro, blessé à la demi-heure. Il devient le héros de la rencontre en inscrivant le but de la victoire dans le dernier quart d’heure. Une prestation remarquée qui lui vaut une place de titulaire le week-end d’après. Le voilà définitivement installé dans le onze de base. Et à nouveau, il inscrit le but de la victoire sur la pelouse de Charlton. Deux buts qui rapportent six points très précieux pour une équipe engluée dans le bas de tableau. C’est ce qui s’appelle délivrer sa carte de visite.
Des débuts d’autant plus exceptionnels que le sens du but n’est pas spécialement son point fort. Ce ne sont pas ses quatre buts et trois assists en quarante matchs de Championship qui ont marqué les esprits, mais bien les actions incroyables qu’il produit entre les deux rectangles. Pas du genre à se laisser marcher sur les pieds malgré son jeune âge, Bellingham en impose dans le milieu : il a déjà bien assimilé les épaules contre épaules, les charges, les tacles et tous les petits vices du milieu.
Techniquement, on peut carrément parler de régal pour les yeux. Roulettes à la Zidane, feintes de corps, dribbles : le public de Saint Andrew’s a dû plus d’une fois apercevoir des airs de Brésil dans son équipe, malgré une saison pas franchement folichonne (Birmingham est actuellement classé 18e sur 24). Avec en apogée ce match incroyable contre le Leeds de Bielsa : un festival conclu sur le score de 4-5 dans lequel Bellingham marque le premier but des siens. Sa facilité déconcertante à casser des lignes rappelle un certain Mousa Dembélé.
Sur les traces de Sancho
Outre Dembélé, un autre nom vient immédiatement à l’esprit quand on regarde l’itinéraire de carrière de Bellingham : celui de Jadon Sancho. Lui aussi était une forme de pari du Borussia Dortmund : il a quitté l’Angleterre et Manchester City à 17 ans (l’âge de Bellingham) sans avoir disputé un seul match pro. Et dans la Ruhr, on s’est vite frotté les mains de l’avoir recruté : 3 saisons, 78 matchs et autant de reins cassés plus tard, Sancho est le huitième joueur le plus bankable de la planète, à quelques millions de notre Kevin De Bruyne national.*
Après une réussite pareille, on comprend mieux la manie de Dortmund d’aller piocher les pépites anglaises avant même qu’elles n’explosent. S’il n’est pas encore acquis que les deux joueront ensemble (Sancho est fort convoité, par Liverpool et Manchester United entre autres), Bellingham va découvrir un autre univers avec la Ligue des Champions et la concurrence de joueurs comme Witsel, Can ou Delaney.
La nouvelle génération de joueurs anglais n’a plus peur de sortir de sa zone de confort et de partir à l’étranger. Une vraie rupture avec les anciens qui, à l’image des Rooney, Gerrard, Lampard et tant d’autres sont restés au pays toute leur carrière, si ce n’est un passage aux States en mode pré-retraite. La donne a changé : l’Angleterre n’aura pu admirer Bellingham que pour une saison de Championship. Avant un retour par la très grande porte ?
* Source : Transfermarkt