Saïd Benrahma : le dix que toute la Premier League s’arrache

Saïd Benrahma : le dix que toute la Premier League s’arrache

Last Updated on 15 novembre 2020 by Scott Crabbé

Avec la crise sanitaire, ce ne sont pas seulement les compétions qui ont été décalées : le mercato a aussi été prolongé jusqu’à lundi. Parmi les noms qui risquent d’agiter le marché d’ici là figure Saïd Benrahma, le meneur de jeu algérien de Brentford. Portrait d’un joueur qui risque de ne pas s’attarder en Championship très longtemps.


La scène se déroule mercredi dernier lors du quatrième tour de la Carabao Cup entre Brentford et Fulham : le club de deuxième division mène déjà 2-0 quand, à la 78e minute, son artiste Saïd Benrahma décide faire basculer sa grosse prestation dans l’ordre du magnifique. Feignant de s’éloigner du rectangle adverse pour redescendre dans le jeu, Benrahma change brusquement de direction en faisant un petit pont à son défenseur avant d’enchaîner par une frappe hors de portée du gardien. 3-0, game over et un geste qui fait le tour du web. Pourtant, les suiveurs de Brentford ne s’étonnent même plus de ce genre de but tellement le numéro 10 de 25 ans éclabousse le Championship de sa classe toutes les semaines. Si bien que cette masterclass pourrait bien être sa dernière sous les couleurs de Brentford.

Avec son mètre 72 et ses 67 kilos, Benrahma est capable de changements de rythme monstrueux

Un magicien

Cette victoire 3-0 contre Fulham est loin d’être anecdotique. Car la saison passée, ce sont ces mêmes adversaires qui ont brisé le rêve de Brentford en les battant 2-1 aux prolongations en finale du barrage pour la montée en Premier League. L’ancien club de Wojciech Szczęsny (prêté par Arsenal en 2009) est passé à un fifrelin de retrouver l’élite pour la première fois depuis 1940.

Un crève-coeur pour les Bees qui ne fera pas oublier leur grande saison, en particulier celle de Saïd Benrahma, à qui l’équipe doit beaucoup quant à sa troisième place conquise après un 21 sur 27 après la trêve corona. Son coach Thomas Frank le lui rend bien : «  Je dois avouer qu’il faisait déjà une bonne saison, mais après la pause due au coronavirus, il est clairement passé à la vitesse supérieure. Saïd a étoffé son jeu, il est devenu de plus en plus précis dans ses passes et dans le dernier geste. Il travaille très dur, il est bon, qu’il continue comme ça « .

L’Algérien ne compte pour l »instant que trois sélections avec son équipe nationale. Ca risque bien de changer

Saïd termine cette saison à rallonge, sa deuxième dans l’ouest de Londres, avec 17 buts et 9 assists en 43 matchs. Mais au-delà des chiffres, c’est surtout un régal pour les yeux. Le but inscrit contre Fulham n’est qu’un échantillon de toute sa panoplie. C’est simple, il sait tout faire avec un ballon. Capable d’éliminer son opposant sur un espace hyper réduit, il possède cette qualité précieuse dans le foot moderne d’allier force en un contre un et efficacité dans le dernier geste. De quoi éclaircir bien des situations au milieu du pressing adverse. Pourtant, lors de son arrivée au club en 2018, les débuts ne sont pas simples : « A l’entraînement, je me faisais tout le temps découper. Le rythme est vraiment fou. Il m’a fallu deux mois pour m’adapter, pour ne plus être en asphyxie tout le match« .

Cassé à Nice

L’homme qui a sans doute changé la donne pour Benrahma est son coach actuel, Thomas Frank. L’un des premiers à lui faire confiance sur la durée. Du pain béni pour un joueur qui marche fort à l’affectif, qui a besoin de sentir qu’on compte sur lui. Une confiance qu’il avait pourtant rarement reçue jusque là : « Brendford est le seul club qui croyait encore en moi, on ne va pas se mentir. Je ne les remercierai jamais assez pour ça, tout ce qu’il se passe, c’est grâce à eux et au coach. Ils ont su comment se comporter avec moi ». Jusque-là, sa carrière s’était surtout résumée à la recherche de temps de jeu en France, contrée pas forcément réputée pour être le paradis des techniciens.

Né en Algérie, Benrahma arrive à Toulouse avec ses parents alors qu’il n’a que neuf ans. C’est pourtant à l’OGC Nice qu’il fait ses premiers pas dans le foot pro en 2015. Mais le club est alors en plein boom et le jeune Saïd à peine sorti du noyau B voit des garçons comme Hatem Ben Arfa, Valère Germain puis Wesley Snejder et Mario Balotelli venir le concurrencer. Pour gagner un peu d’expérience, il est prêté six mois à Angers, au Gazélec d’Ajaccio puis un an à Châteauroux en Ligue 2. De quoi montrer par moment ce dont il est capable, mais insuffisant pour convaincre Lucien Favre, l’actuel coach de Dortmund, qui était alors à la tête de Nice.

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Vu l’horizon bouché, Benrahma capitalise alors sa bonne saison en prêt à Châteauroux (10 buts et 5 assists en 33 matchs) pour décrocher un transfert à Brentford. Le club est à l’affût de ce genre d’opportunité via Brendan MacFarlane, le scout des Londoniens en France qui avait déjà fait venir Neal Maupay, un autre ancien Nicois au caractère bien particulier. Le transfert de Benrahma se concrétise pour moins de deux millions d’euros.

Deux ans plus tard, on l’annonce un peu partout en Premier League (Crystal Palace, Chelsea, West Ham ont notamment été évoqués) pour des montants qui avoisinent les 30 millions. Alors partira ou partira pas ? Prendra-t-il le risque de quitter cet environnement où tout marche pour un club qui ne ferait pas nécessairement tourner son jeu autour de lui ? Les sommes aveugles dépensées par les clubs en panique après un mauvais début de saison feront peut-être pencher la balance.

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