Last Updated on 13 octobre 2019 by Thibault Dreze
Des frères qui ont joué ensemble en sélection, il y en a eu beaucoup. Mais ensemble dans le même club, c’est plus rare. En Angleterre, il y a bien eu les frères Neville ou Fabio et Rafael da Silva à Manchester United ou encore Kolo et Yaya Touré à City. Une nouvelle fratrie fait parler d’elle en Angleterre et on la retrouve du côté de Saint-James Park.
Une soirée humide d’automne, le jour se couche et la bruine file devant les projecteurs du stade. Sur la pelouse, Matthew, un rouquin de 19 ans fait ses débuts en Premier League face au grand Manchester United aux côtés de son frère aîné, Sean. Premier match et premier but. La famille Longstaff avait déjà laissé sa marque sur Newcastle, c’est maintenant fait sur toute l’Angleterre.
« La nuit dernière, tu vas au lit en rêvant de ça, mais tu ne penses jamais que ça va arriver. J’ai découvert que j’allais jouer hier après l’entraînement lorsque le 11 de départ a été lu. Je me préparais à faire plus de tir en pensant que je ne jouais pas. Les papillons ont commencé à apparaître et j’avais hâte de commencer ce match. Ce but ? Je ne pensais qu’à frapper et espérer. Heureusement ça finit au fond du filet. Je ne peux pas vraiment décrire ce sentiment, c’est surréaliste. Ils (mes parents) ont probablement bu quelques verres, toute ma famille est là-haut. Cela ne sera peut-être pas si facile de les ramener à la maison, mais j’ai hâte de tous les voir. Je suis sur la lune – je suis sans voix », le sourire béat de Matthew Longstaff ne peut le trahir, il est « over the moon ».
Il faut dire qu’il vient de réaliser le rêve de tout gamin qui joue au football. Marquer pour ses débuts pros, sous les yeux de sa famille en tribune et son frère sur le terrain. Avec pour la première fois un regard hésitant vers Sean afin de se rassurer devant les caméras. Comme s’il réalisait ce qu’il venait d’accomplir et cherchait des réponses à un monde qui lui ouvre trop vite les bras. Durant les 90 minutes qui ont précédé cette interview, Matthew a pourtant tout fait avec l’assurance d’un grand.
« Ce sont les frères Longstaff, fidèles et solidaires, talentueux, mais enracinés. Frères et maintenant coéquipiers, une source d’espoir pour un club de football qui pensait avoir tout perdu avec le départ de l’ancien manager, Rafa Benitez. Chaque club de football a besoin de joueurs locaux et un club comme Newcastle, avec son isolement géographique, son tribalisme farouche, sa fierté civique et ses contraintes budgétaires serrées, encore plus que les autres », explique le Telegraph.
Il faut dire pour trouver des motifs de satisfaction à Newcastle, il faut gratter. Cette fratrie fait presque de l’ombre à la victoire face à Manchester United et tout le monde à Newcastle veut se gargariser de ce duo de frère qui réconcilie tout le monde avec le football et qui dégage une fraîcheur réconfortante. « De nos jours, les joueurs de football ont l’impression de ne penser qu’à l’argent, aux voitures, mais cette interview ramène tout à la réalité des rêves d’un jeune joueur qui grandit dans son club, assiste au match en tribune et puis qui marque dans ce même stade. Le rayon sur son visage est incroyable. C’est pour ça que nous aimons tous le football », a d’ailleurs réagi Gary Neville dans la foulée.
« Les gamins les plus gentils que vous pourriez rencontrer »
Deux frères qui ont fait leurs classes ensemble à Darsley Park, le centre d’entraînement des Magpies, sous l’oeil avisé de Ben Dawson, le coach des U23. « Ils se soutiennent mutuellement en tant que famille et frères, ils ont toujours été comme ça et ils sont ici depuis l’âge de neuf ans. Ils sont incroyablement motivés, déterminés et extrêmement compétitifs dans tout ce qu’ils font. Mais ils le font de la bonne manière. Ils ne sont pas méchants avec ça. Ils sont deux des plus gentils que vous pourriez rencontrer. Ils forment une famille très unie. Ils méritent tous les éloges parce que je ne pense pas avoir rencontré quelqu’un qui ait un mauvais mot à dire à leur sujet ».
Deux ans d’écart qui ont naturellement poussé l’aîné Sean à faire ses débuts en Premier League plus tôt que le benjamin Matthew, c’était en décembre 2018 face à Liverpool, il y a moins d’un an. Comme souvent, la chance est intervenue au bon moment. À l’époque, Sean est sur le point d’être prêté à Porstmouth. Mais une flopée de blessures pousse Benitez à le faire jouer le lendemain de Noël face aux Reds. Il manquera le match suivant face à Manchester United, mais alignera ensuite 9 matches de grande qualité (1 but, 1 assist) le propulsent au rang d’un des meilleurs joueurs de Newcastle. Mais une blessure au genou début mars mettra fin à sa saison. Cette saison, il fait partie des titulaires.
La situation était un peu similaire pour Matthew qui allait être prêté en League One, alors qu’aucun coach ne prêtait attention à lui, bien qu’il ait toujours été considéré comme le plus fort des deux. Mais un seul entraînement allait tout changer. « J’ai pensé « wow » qui est ce gamin? », explique Steve Bruce, fraîchement nommé manager des Magpies. « Avec ses cheveux roux brillants, il se démarque, mais il a dégagé une énergie autour de lui et c’est comme ça qu’il joue au football. J’ai adoré. Je connaissais Sean avant mon arrivée, mais Matty, il a attiré mon attention dès que je l’ai vu jouer. Travailler avec lui, ça fait votre journée. Il était plus que solide à l’entraînement, en fait, il a probablement été le meilleur joueur au cours des dernières semaines ».
Une bonne impression qui permet à Matthew de faire ses débuts pros en Coupe fin août face à Leicester (défaite aux penaltys). Mais il faudra attendre cette soirée humide d’octobre face à Manchester United pour qu’il connaissent les joies de la Premier League. On connaît la suite.
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