Fábio Silva : comment Jorge Mendes a vendu un U19 à Wolverhampton pour 40 millions

Last Updated on 15 novembre 2020 by Scott Crabbé

Depuis son arrivée officieuse à Wolverhampton en 2017, Jorge Mendes, l’agent des stars et la star des agents, a toujours fait la pluie et le beau temps dans le club de Leander Dendoncker. Mais là, il a fait très très fort en réglant le transfert de Fábio Silva, un jeune prometteur du FC Porto recruté pour 40 millions d’euros après une seule titularisation avec l’équipe première. L’occasion de s’intéresser aux nombreuses combines de Mendes chez les Wolves.


« Wolverhampton achète un jeune attaquant du FC Porto » : la nouvelle n’a pas dû émouvoir beaucoup de supporters du club tant la colonie portugaise n’a cessé de gonfler ces dernières saisons. Rui Patrício, Rùben Vinagre, Rúben Neves, João Moutinho, Diogo Jota, Daniel Podence, Pedro Neto et Raùl Jiménez (Mexicain mais recruté en droite ligne de Benfica) : tous sont arrivés dans l’équipe via l’intermédiaire de Mendes.

En voir arriver un de plus relève donc de la routine. En revanche, ces mêmes supporters ont dû s’étrangler en entendant que la nouvelle recrue n’avait que 182 minutes de temps de jeu en championnat derrière elle pour un montant de transfert de 40 millions d’euros. C’est qu’à Wolverhampton, Mendes fait un peu ce qu’il veut.

Cash machine

Voir Jorge Mendes et d’autres agents prendre le contrôle de certains clubs, en réglant presque l’intégralité des transferts qui s’y déroule, a un lien direct avec l’interdiction de la TPO (Third-Part Ownership) depuis 2015. Avec ce système, n’importe qui (entreprises, agents …) pouvait acheter un certain pourcentage des droits économiques d’un joueur, comme si c’était une vulgaire marchandise.

Le but étant d’avoir un pourcentage conséquent dans des joueurs qui sont transférés pour des sommes folles pour récupérer leur investissement au centuple. Mais la FIFA a interdit la pratique en 2015, se rendant enfin compte que ça commençait méchamment à ressembler à de la traite d’être humain. Il a alors fallu trouver autre chose. Et pour Mendes, c’est à ce moment que Wolverhampton entre en scène.

Embed from Getty Images

Le club végète alors en Championship. Le plan est simple : installer ses hommes à tous les étages. Il commence alors par le haut de l’échelle : en 2016, Fosun International, un conglomérat chinois qui possède 20% de Gestifute (la société de Mendes) rachète le club.

Un an plus tard, l’agent est derrière le renvoi du coach Paul Lambert pour attirer sur le banc un certain Nuno Espírito Santo, qui n’est autre que son tout premier client. Bien installé dans les bureaux et sur le banc, Mendes est alors comme chez lui. La voie est libre et le but est clair : multiplier les gros transferts les plus onéreux possible. Car depuis quelques années, le Portugais a la réputation d’être l’agent qui s’approprie les plus grosses commissions lorsqu’un transfert survient (dans certains rares cas, elles sont même plus importantes que l’indemnité de transfert).

Embed from Getty Images

Au final, tout le monde est content : le club vendeur qui a récupéré un beau pactole pour son joueur surévalué, Mendes qui touche ses commissions et les proprios de Wolverhampton qui, grâce à leurs parts dans la société de Mendes, gagnent une partie de l’argent qu’ils ont eux-mêmes dépensé. Seul le joueur n’a pas son mot à dire, ballotté de clubs en clubs.

Et si ça tourne autant, c’est que Jorge Mendes n’a pas ses entrées que chez les Wolves, mais aussi à Valence, à l’Atletico, à Porto ou à Milan. Pour Fábio Silva, le mode opératoire est resté le même : l’agent a discuté avec les représentants du joueur pour négocier directement son transfert, le surévaluer (on parle de 40 millions pour un gars qui n’a qu’une seule titularisation en championnat derrière lui), puis de s’arroger des commissions monstres. Toute ressemblance avec le cas João Félix, transféré pour 126 millions à l’Atletico Madrid après une seule saison pro serait purement fortuite.

À boire et à manger

Un tel réseau, qu’on peut qualifier de tentaculaire, n’est pas sans poser certaines questions éthiques. Surtout lorsque Wolverhampton a survolé le Championship lors de la première année de l’ère Nuno. Mendes avait alors amené des joueurs comme Moutinho, Neves, Patricio ou Jimenez qui ont l’habitude de jouer des matchs de Ligue des Champions et qui ont logiquement marché sur la deuxième division.

Andrea Randrizzani, le président de Leeds, le président de Leeds avait alors déclaré : « Ce n’est pas normal, la Ligue devrait regarder ces magouilles de plus près, les 24 clubs devraient s’astreindre aux mêmes règles concernant leur financement ». La fédération a donc enquêté et a étonnamment conclu que Mendes « n’a pas de rôle significatif au sein du club ». On les a déjà connus plus investigateurs.

Embed from Getty Images

Au sein même des supporters du club, les avis sont mitigés. D’un côté, les transactions de Jorge Mendes ont attiré des joueurs qui ne seraient jamais venus en Championship, ces recrues ont aidé le club à monter et à se qualifier pour l’Europa League. Mais toute médaille à son à revers et certains déplorent aujourd’hui de voir Wolverhampton transformé en un véritable pigeonnier, géré de manière calculatrice, où l’on case des joueurs, quel que soit leur niveau pourvu que leur transfert rapporte.

Un casse-tête auquel de plus en plus de clubs sont confrontés entre identité et rentabilité. Ce genre de transfert a beau devenir de plus en plus courant, il faut malgré tout continuer de s’étonner qu’un joueur comme Fábio Silva soit acheté pour le même prix que celui pour lequel Chelsea a acheté un Eden Hazard déjà auréolé de deux prix de meilleur joueur de Ligue 1. C’était en 2012, à la fois si proche et si loin.

📍| Qui est ce joueur pour qui Wolverhampton casse sa tirelire ? Les Wolves ont conclu un accord (35m£) avec Porto pour…

Publiée par Box To Box sur Lundi 7 septembre 2020

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.