Everton, enfin taillé pour l’Europe ?

Last Updated on 14 septembre 2020 by Thibault Dreze

On fait le point sur le nouveau statut qu’Everton pourrait acquérir cette saison. Grâce à son coach, Ancelotti, et à ses nouvelles recrues


En finissant 12ièmes à l’issue de cette saison, certes mouvementée, on pourrait se dire que les Toffees restent sur leur pire bilan de ces 10 dernières années. Mais en regardant ailleurs que par le petit bout de la lorgnette, on se rend compte qu’il y a des raisons d’y croire pour la saison à venir. D’abord parce qu’Ancelotti, arrivé en décembre, va pouvoir réaliser une préparation complète avec son groupe. Ensuite, parce que son groupe, justement, est en train de prendre une autre dimension

L’histoire de Carlo Ancelotti avec Everton remonte à décembre 2019. Annoncé le 22, il se retrouve sur le banc 4 jours plus tard, en pleine période des fêtes. Inutile de vous rappeler qu’ils sont nombreux à avoir perdu des plumes durant cette phase très intense du championnat.

L’Italien succède l’Espagnol Marco Silva, qui n’a jamais su imposer sa patte auprès d’un groupe pourtant talentueux. Si on jette un oeil sur les 21 matches d’Ancelotti à Everton, son bilan est assez satisfaisant: 8 victoires, 6 nuls et 7 défaites. Pas si mal pour un coach arrivé en pleine saison et avec la crise du coronavirus comme cadeau de bienvenue. Avant cette interruption, il ne perdra que 4 matches sur 12 et face à des adversaires du top: City, Liverpool en Coupe, Chelsea et Arsenal. Lors de la reprise en juin, il accroche même le futur champion Liverpool à Goodison Park.

Mais la suite du restart allait être moins réjouissante. Avec des performances épouvantables lors des défaites contre Tottenham, Wolverhampton et Bournemouth, associées à des matchs nuls décevants contre Southampton et Aston Villa. De quoi finir la saison sur une touche négative et qui ne permet pas à Everton de faire mieux qu’une 12e place.

Un milieu à reconstruire

Très présent dans les fils info spécialisés dans les news mercato, le club d’Everton s’active en effet pour renouveler son milieu de terrain. Il a déjà acté l’arrivée d’Allan (de Naples pour 25 m€) de James Rodriguez et d’Abdoulaye Doucoure.

Les deux premiers cités sont clairement des choix du manager puisqu’ils se sont croisés à Naples, pour Allan, et au Real et Bayern pour Rodriguez.

«Nous devons garder l’esprit combatif pour nous assurer que les joueurs sur le terrain ont de la personnalité et du caractère, montrer qu’ils n’ont pas peur et ne sont pas inquiets sur le terrain. C’est cela la clé pour être compétitif », expliquait le manager italien après l’arrivée de son premier transfert. «Je pense qu’Allan est un joueur fantastique. Il a une énergie et va apporter de fantastiques qualités dans le milieu de terrain. Je le connais très bien et il me connaît. Nos supporters vont l’adorer, car il joue avec beaucoup de passion ».

Le message derrière ces déclarations est clair: le coach veut du changement dans la mentalité de ses joueurs et s’appuyer sur de vrais guerriers. De plus, l’arrivée prochaine de Doucouré pourrait permettre à Ancelotti de construire un milieu de terrain totalement neuf et avec les qualités désirées. Everton pourra aussi compter sur le retour de Jean-Philippe Gbamin arrivé l’été dernier et qui avait raté la quasi-entièreté de la saison à cause d’une blessure survenue après la deuxième journée.

Embed from Getty Images

Avec un duo Doucouré-Allan, les Toffees pourront récupérer les atouts perdus après le départ de Gueye au PSG en juillet 2019. Doucouré se profile comme un vrai box-to-box capable d’aider Everton à faire des transitions rapides sur le terrain et l’arrivée des autres milieux (Rodriguez et Allan), devrait permettre à l’équipe d’être bien plus flexible tactiquement.

Quid des milieu déjà présents ?

L’été dernier Everton avait déjà frappé fort lors du mercato pour ses milieux. Outre Gbamin (arrivé de Mainz pour 25m€), Gomes avait été acheté définitivement à Barcelone pour 25m€ et Delph avait aussi rejoint les Toffees pour une dizaine de millions. Sans oublier les joueurs déjà présents comme Gylfi Sigurdsson, Tom Davies ou Muhamed Besic. Cela commence à faire beaucoup de monde pour peu de place.

Embed from Getty Images

L’Islandais pourrait profiter de ces arrivées pour remonter d’un cran sur le terrain. Il avait admis que jouer dans le coeur du milieu n’était pas sa tasse de thé. Mais il pourrait alors entrer en concurrence avec James Rodriguez.

Gomes devra espérer que ses qualités pourront être mixées dans la nouvelle salle des machines d’Everton, en particulier sa capacité à donner la bonne passe et à jouer en avant, à travers les lignes. Reste à voir s’il peut retrouver son niveau d’il y a deux saisons.

Davies devra aussi batailler pour grappiller un peu de temps de jeu. L’enfant du club a la faveur des supporters, mais si Everton s’engage dans une course à l’Europe, il ne devrait pas y avoir beaucoup de place pour les sentiments.

Trouver l’équilibre

Ce n’est pas la première fois que le club d’Everton réalise un gros mercato. Souviens-toi l’été dernier dirait l’autre. Quasiment 120 m€ dépensés pour Iwobi, Kean, Gomes, Delph et Gbamin. La saison précédente, 100 millions sur la table pour Richarlison, Mina et Digne. Lors de la saison 17/18 c’est 200 millions qui ont été investis sur le marché des transferts avec les arrivées de Sigurdsson, Pickford, Keane, Klaassen, Walcott, Tosun, Vlasic et Onyekuru. Certes bien aidé par la vente de Lukaku à Manchester United pour 85m lors de la même période de transfert.

Des dépenses pharaoniques qui ne correspondent pas à de meilleurs résultats sportifs. Au contraire.

Comme on le constate ci-dessus, Everton cherche le top 6, qui correspond aux places européennes, depuis 2014. La 12e place de cette année fait figure de plus mauvais résultat depuis la 17e place en 2004. On serait donc en droit de se demander pourquoi cette saison, avec ces arrivées, cela changerait.

La clé, c’est peut-être Ancelotti qui la détient. C’est un entraîneur qui s’adapte et qui utilise des systèmes et des styles différents afin de tirer le meilleur parti de ses joueurs. L’arrivée d’un joueur de dimension internationale comme James Rodriguez sera peut-être aussi un des éléments qui feront pencher la balance. Sans savoir quel poste il pourrait occuper (on parle beaucoup de l’aile droite), c’est surtout son état de forme qui sera capital.

Fragile physiquement, le joueur devra être un minimum présent si les dirigeants veulent que l’argent investi serve à quelque chose. « Carlo est convaincu que James peut revenir à son meilleur niveau et qu’il peut contribuer aux bonnes performances d’Everton, en renforçant le jeu et en fournissant la qualité supplémentaire qui complète les attaquants », a déclaré une source à The Athletic.

Source: The Athletic

Difficile de donner tort à cette source. Car il est évident qu’un James en grande forme peut faire et fera la différence. On s’attend à ce qu’il soit la principale force créatrice d’Everton et qu’il ouvre une variété d’options différentes étant donné sa capacité à jouer dans l’axe ou à droite. Les Toffees ont longtemps recherché un joueur de flanc capable de venir du côté et de donner des passes décisives, voire marquer.

POUR ALLER PLUS LOIN | What makes James Rodriguez an elite player – and where he will fit at Everton

Dans ce contexte l’arrivée d’un tel joueur représente plus une opportunité qu’un coup d’image. Mais il ne faut pas pour autant oublier les bons éléments déjà présents au club. Comme le duo de buteur Richarlison et Calvert-Lewin et leurs 13 buts respectifs. Depuis son arrivée, le tacticien italien privilégie le 4-4-2 avec les Richarlison et Calvert-Lewin en attaque. Dans cette configuration, l’aile gauche a souvent été destinée à Bernard et l’aile droite à Walcott ou Iwobi.

Si James prend ce côté droit, cela pourrait être fatal pour les Walcott et Iwobi. Sans parler de Kean qui n’a pas eu l’impact offensif attendu et a vu deux attaquants bien plus efficaces sur le terrain. Face à ce remaniement d’équipe, nombreux sont les joueurs qui pourraient se retrouver sur le banc.

LIRE AUSSI | Richarlison : le nouveau fenomeno ?

L’avantage d’une telle situation est de voir une concurrence se créer au sein du noyau (ce qui manquait peut-être aussi jusqu’à présent). Mais injecter de nombreux nouveaux joueurs dans l’équipe peut aussi devenir un réel problème. Entre grandes attentes et long temps d’adaptation, la déception n’est jamais bien loin.

Rêver d’Europe ou y arriver ?

L’arrivée d’Ancelotti va donner à Everton un autre statut. D’abord son nom a attiré des joueurs de haut calibre à Goodison Park, on l’a vu. Mais il a aussi transformé le club de l’intérieur.

La politique de transfert impulsive et onéreuse menée jusqu’ici sous la direction du propriétaire Farhad Moshiri n’a pas aidé Everton. Il y avait un gouffre entre ce qu’Ancelotti, sans doute son meilleur coup ces dernières saisons, attendait et ce dont il a été témoin sur le terrain.

« Cela fait un peu plus d’un an que Moshiri (propriétaire) et Brands (director of football) ont exprimé leur réticence à dépenser beaucoup pour des joueurs approchant la trentaine. Le fait que leur opinion n’ait pas duré au-delà du premier mercato d’Ancelotti est un signe accablant de la composition actuelle de l’équipe, obligeant le club à faire demi-tour », explique le Telegraph. En effet, les nouveaux et futurs nouveaux venus ont 29 ans (Rodriguez et Allan) et 27 ans (Doucouré). Quand coach, propriétaire et direction sportive s’accordent sur la politique, c’est déjà un grand pas en avant. C’est clairement, Ancelotti qui a donné l’impulsion pour ce virage à 180 degrés. Autre signe qui montre que cela bouge en interne.

Avec sa nouvelle équipe, l’Italien va peut-être adopter une nouvelle animation. C’est l’autre facteur de réussite et le principal. Après avoir remis la politique de transfert sur ses rails, il doit maintenant démontrer qu’il avait raison sur le terrain pour atteindre une qualification européenne. Conséquence d’une saison considérée comme réussie.

Embed from Getty Images

Certes, l’Europe n’est pas un si lointain souvenir pour les Toffees. Les dernières joutes européennes remontent à la saison 17/18 avec les poules de l’Europa League. Mais cette année là, avec une saison qui avait commencé en Slovaquie fin juillet pour les tours préliminaires, on avait senti que l’équipe n’avait pas la carrure pour lutter sur le front national et européen. Le parcours s’était arrêté dans ces mêmes poules après un 4/12 face à l’Atalanta, Limassol et Lyon.

La hiérarchie d’Everton avait la responsabilité de livrer ce qui avait été promis à l’Italien à son arrivée. Un premier pas a été franchi cet été et on espère ne plus revivre les scènes de la fin de saison dernière à Goodison Park. Comme lors du dernier match, où Everton est apparu privé de qualité, les joueurs incapables de faire des efforts et sans caractère. La réponse du club a été de recruter des joueurs avec ces profils, qui ont fait défaut face à Bournemouth.

Reste à voir si cela sera suffisant pour emmener tout ce petit monde vers l’Europe.

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.