Last Updated on 13 novembre 2020 by Thibault Dreze
Diriger la ligue la plus puissante du monde n’est pas une chose à la portée de tous et le successeur de Richard Scudamore a été choisi avec minutie. Il s’agit du futur ex-boss du Guardian: David Pemsel.
Lorsque Scudamore est entré en fonction (en provenance de la « Football League » qui gère les autres divisions pros en Angleterre) en 1999, le montant total des droits TV s’élevait à 670 millions. En 2019, il est évalué à 4,55 milliards de livres sterling. Une telle croissance ne peut être le fruit du hasard ou de la seule conjoncture. L’ex-publicitaire a eu le don de toujours mettre d’accord les différents intervenants sur le marché de ces droits TV.
« Il a précédé tous les grands propriétaires de clubs et a bâti sa réputation sur des années d’accords sans cesse croissants en matière de radiodiffusion et sur la capacité de mettre en accord une sélection unique d’oligarques, de milliardaires pétroliers du Golfe, de capital-risqueurs américains et des derniers propriétaires britanniques. Scudamore a placé la négociation collective au cœur de son règne en s’assurant que la compétitivité de la ligue soit maintenue par un partage méritocratique des énormes profits de la télévision générés par les sociétés Sky, BT Sport et un grand nombre de diffuseurs étrangers », détaille le Telegraph.
En faisant de la Premier League la ligue plus lucrative au monde, il a aussi eu son lot de critiques. Comme lorsqu’il voulut organiser un 39e match de championnat à l’étranger. En faisant croître les richesses, il a aussi permis aux agents de devenir de plus en plus influents. Il a aussi rendu la Premier League de moins en moins anglaise en ouvrant grand la porte aux investisseurs étrangers. Les supporters se sont sentis de moins en moins bien représentés au fil des années. « Les critiques affirment que Scudamore a contribué à détruire l’âme du football anglais en modifiant l’horaire des matches au profit la télévision, en atténuant l’importance du coup d’envoi traditionnel, en acceptant des prix de tickets exorbitants et en éloignant le football de ses racines populaires », poursuit le Telegraph.
Mais en 20 ans la Premier League a aussi relancé les académies, persuadé les clubs de ne pas vendre les tickets « away » à plus de 30 livres, le hologanisme a quasiment disparu et la ligue reverse plus de 100 millions de livre par an aux programmes communautaires et œuvres de bienfaisance. Mais, « le plus grand succès de Scudamore est d’avoir été un commissaire-priseur avisé, mais également un diplomate accompli, en maintenant intact le pouvoir de négociation collectif des 20 clubs. Cela n’a pas été facile et, maintenant qu’il s’en va, son travail deviendra encore plus dur à mesure que les six grands le deviennent de plus en plus ».
Le successeur
Issu du monde des médias, David Pemsel a aidé le Guardian à devenir rentable pour la première fois en 20 ans. Un tour de force dans le contexte que traverse la presse actuellement. Une nomination surprise après que deux candidats se soient refroidis ces derniers mois.
« Je suis ravi d’avoir eu cette opportunité incroyable », a-t-il déclaré. « La Premier League est la ligue de football la plus regardée au monde et je suis très enthousiaste d’en être un élément clé. En tant que fan de football, je comprends à quel point ce sport est important pour nos supporters et pour notre identité nationale. Je suis honoré prendre les rênes d’une organisation aussi influente et prestigieuse. »
« Au Guardian, il a fait preuve d’un leadership fort au cours d’une période de changement et de transformation. Rendre ce groupe rentable est une réalisation impressionnante et il a démontré qu’il pouvait développer et exécuter un plan de transformation dans un paysage commercial en constante évolution » a déclaré Bruce Buck, responsable du petit comité chargé de recruter le nouvel homme fort de la ligue et … président de Chelsea. Club de coeur d’un certain David Pemsel.