Last Updated on 13 novembre 2020 by Thibault Dreze
Alors que la finale 2018-2019 avait vu Chelsea s’imposer en finale face à Arsenal, l’Europa League fera son retour ce jeudi 19 septembre.
Véritable petite sœur de la Ligue des Champions, la C3 n’obtient que très rarement une visibilité aussi grande que la compétition reine. Pourtant, celle-ci est régulièrement autant voire plus disputée que la C1. Partant de ce constat, trois clubs anglais disputeront cette saison la compétition. Arsenal, Manchester United et Wolverhampton joueront tous trois crânement leur chance. Pour se relancer et montrer qu’ils sont toujours là pour certains, pour faire leurs preuves sur la scène européenne pour d’autres. Quelles sont leurs chances cette saison ? Verra-t-on, comme en juin 2019, deux clubs s’opposer pour accéder à la plus grande compétition ? Qui succédera à Chelsea ?
Arsenal, coup de canon ?
Finaliste de la dernière édition, Arsenal aura beaucoup à prouver cette saison. Équipe dans la tourmente, club légendaire devenu infirme, les Gunners n’ont plus qu’un objectif : retrouver au plus vite la C1, par tous les moyens. Leur mercato a posé beaucoup question, car l’équipe apparaît comme très faible défensivement. William Saliba, acheté pour près de 30 millions, n’arrivera que l’an prochain, car prêté à Saint-Etienne, son ancien club. David Luiz n’est plus le défenseur qu’il a été, l’âge du joueur commence à se faire sentir dans une perte de sa vitesse d’antan, et il commet également beaucoup de fautes. Son achat pour seulement 8 millions en fin de mercato laisse transparaître qu’il est désormais plus proche de la fin que du début de carrière. Bien évidemment, réussir à arracher Kieran Tierney au Celtic Glasgow est le plus gros coup pour renforcer cette défense malade, mais cet achat ne résout en rien les problèmes de l’axe. Sokratis apporte peu de garanties, Mustafi est toujours là malgré la volonté affichée par le club de s’en séparer, Mavropanos n’a que peu d’expérience au plus haut niveau …
Cependant, les Gunners ont des raisons d’y croire. Alors que la concurrence fait rage en Premier League, les hommes d’Emery pourraient être tentés de se montrer en C3, galvanisés par leur performance de la saison dernière. Ce même Emery d’ailleurs est un spécialiste de cette compétition, il avait, rappelez-vous, réussi l’exploit d’engranger 3 Europa League de rang lorsqu’il était à la tête de Séville. Souvent critiqué, notamment lors de son époque PSG, il n’en reste pas moins l’un des plus grands entraîneurs, de ceux capables de trouver des solutions là où d’autres n’en verraient pas. Il fait également beaucoup confiance aux jeunes, et ce point est un gros motif d’espoir pour les pensionnaires de l’Emirates Stadium. Car des jeunes, ça n’est pas ce qui manque à Arsenal. Ainsley Maitland-Niles n’a que 22 ans et a déjà quelque expérience, Reiss Nelson a montré beaucoup de belles choses lors de son prêt à Hoffenheim, Zech Medley aura une chance à saisir défensivement. De plus, la C3 est la compétition idéale pour des jeunes joueurs soucieux de montrer de belles choses sur la scène européenne.
En outre, le milieu de terrain fourni avec Ceballos, Torreira, Özil, Xhaka, et l’attaque de feu Aubameyang-Lacazette-Pépé, sont des secteurs de jeu où le club peut être satisfait. Le tirage de leur groupe est intéressant. Ils apparaissent comme les favoris avec l’Eintracht Francfort, demi-finaliste la saison dernière. Le Standard de Liège et le Vitoria SC pourront jouer les troubles-fêtes. Les Rouches paraissent bien armés cette saison et caracolent pour l’instant en tête du championnat. Le Vitoria apparaît comme le réel « petit poucet », car il s’est qualifié en gagnant la coupe du Portugal mais a finit sa saison à la cinquième place de Liga NOS. Ces trois équipes sont plus que prenables pour Arsenal, si sa défense ne lui joue pas de tours…
En conclusion, Arsenal pourrait montrer de belles choses cette saison en Ligue Europa, si la défense réussit à résister malgré son équilibre tangible. Gagner cette compétition, en plus d’envoyer un message à l’Europe du football, serait le moyen le plus rapide de retrouver rapidement la C1.
Manchester United, stagnation
Un temps plus grand club d’Angleterre, Manchester United n’est plus qu’une pâle copie de lui-même depuis le départ de Sir Alex Ferguson. Ni David Moyes, ni Louis van Gaal, ni José Mourinho n’ont réussi à reconquérir le cœur des supporters, bien que ce dernier ait remporté la Ligue Europa en 2017. Cependant, ce trophée ne mérite pas d’être considéré pour un club comme les Red Devils comme un titre majeur. Suite au licenciement du Special One la saison dernière, Ole Gunnar Solskjaer arrive sur le banc d’Old Trafford. La direction entend bien ravir ses supporters en nommant l’ancien super-sub de Ferguson aux manettes. Seulement voilà : alors qu’il avait ravi tout le monde en engrangeant 14 victoires en 19 matchs toutes compétitions confondues en tant qu’intérimaire, il est officiellement engagé comme manager de l’équipe. Et là, les choses se compliquent. Depuis la signature de son contrat à long terme, OGS a ramené seulement à 4 reprises les trois points en 15 rencontres, pour une moyenne de 1.07 point par match. Arrivé en sauveur, il ne fait clairement plus l’unanimité.
De plus, l’institution Manchester United n’est plus respectée. Alors qu’il ne cache en rien ses envies de départ, Paul Pogba était en course pour devenir capitaine de son équipe. Lingard n’est pas un joueur du niveau de United, quand des joueurs comme Eric Bailly passent leur carrière à l’infirmerie. Fut un temps, Manchester United était un club craint et respecté, qu’aucun joueur n’aurait oser défier, pas même David Beckham, qui avait rejoint le Real après une brouille avec Ferguson à l’époque. Old Trafford était une forteresse imprenable et des joueurs comme Ferdinand, Vidic, Evra ou Rooney impressionnaient tous leurs adversaires. Où est passé ce Manchester ?
Cependant, malgré ce portrait très négatif, il existe des raisons d’y croire. En premier lieu, les recrues estivales. C’était le premier mercato de l’entraîneur norvégien à la tête de son équipe et, même si Ed Woodward tire les cordons de la bourse, les joueurs achetés et vendus ou prêtés sont motif d’espoir. Daniel James est étincelant depuis le début de saison et ne fait que confirmer le beau potentiel montré à Swansea. Il a déjà marqué trois buts en cinq rencontres et il est un véritable assouplisseur de jeu dans le système en 4-2-3-1 de Solskjaer. Harry Maguire, malgré les débats incessants autour du prix de son achat, forme une belle paire avec Victor Lindelöf, alliant vitesse, anticipation et impact physique. Quant à Aaron Wan-Bissaka, il est désormais l’un des meilleurs tackleurs de Premier League et rend un coup de jeune à une défense autrefois lente et vieillissante.
En ce qui concerne les départs, malgré les envies d’ailleurs de Paul Pogba et la lenteur qu’a mis David De Gea pour prolonger, tous deux sont restés. Chris Smalling a quitté le navire pour rejoindre l’AS Rome en prêt, Alexis Sanchez est parti sous la même forme, quand Ander Herrera a rejoint le Paris Saint-Germain libre. Le cas le plus interpellant est celui de Romelu Lukaku. L’attaquant belge a rejoint l’Inter Milan pour 65 millions d’euros, mais n’a pas été remplacé. Les options offensives de United ne manquent pas, et Lukaku n’a pas connu la période la plus faste de sa carrière sous les couleurs rouges et noires, mais ne pas le remplacer ?
En bref, le mercato de Solskjaer est très intéressant. Même si les résultats ne sont pas probants pour le moment, si les dirigeants et les supporters sont patients, le vrai Manchester United devrait renaître dans un projet à long terme made in OGS.
Et cette saison ? Le duo de tête en Premier League semble intouchable et la concurrence pour le top 4 fera rage cette année encore. Un objectif réaliste serait une qualification en Ligue des Champions. Si ça ne se fait pas par le championnat, pourquoi pas essayer par le biais de la C3 ? Le groupe de Manchester United présente un niveau très moyen, pour ne pas dire faible. L’Astana FC fera probablement office de figurant, cependant gare à l’AZ Alkmaar et au Partizan. Ces deux équipes pratiquent un football direct et peuvent être dangereuses. Mais le seul ennemi réel de United dans cette campagne, c’est United. Beaucoup de paramètres peuvent entrer en jeu et déstabiliser ces hommes. L’effectif est rarement épargné par les blessures, l’excès de confiance n’épargne personne et la campagne est longue…
Manchester United a sa chance dans cette compétition. Même s’il serait étonnant de les voir se transcender pour une C3, les récompenses au bout, sur et en dehors du terrain, sont belles. La première serait une qualification directe pour les phases de poules de Ligue des Champions édition 2020-2021. Ensuite, Ole Gunnar Solskjaer enverrait un message fort en raflant le premier trophée européen de sa carrière, prouvant qu’il est l’homme de la situation. Les opportunités sont belles pour le club mancunien et maintenant, la balle est dans son camp.
Wolverhampton, se démarquer
Le cas des Wolves est le plus intéressant à analyser. Équipe sur la pente ascendante, véritable hype outre-Manche, les pensionnaires de Molineux ne laissent personne indifférent. Un club bien géré et une équipe qui n’a rien à envier à certaines grandes formations européennes, une logique de les voir se qualifier pour l’Europa League ? Pas forcément, en sachant que les hommes de Nuno Esperito Santos ne sont remontés en Premier League que depuis une saison. Un promu qualifié pour une coupe d’Europe, c’est rare mais ça s’est déjà vu. Mais le cas des Wolverhampton Wanderers est spécial.
Rachetés en 2016 par le groupe Fosun pour environ 45 millions de livres alors qu’ils évoluaient alors en Championship, les Wolves connaissent moins de deux ans plus tard la promotion. En effet, le groupe chinois propriétaire du club décide de s’allier à l’agent portugais Jorge Mendes. Quant à lui désireux d’étendre son potentiel d’action jusqu’en Angleterre, réticente jusqu’ici à faire affaire avec cet homme extrêmement influent dans le monde du football. Suite à ce rachat et les contacts qui s’ensuivent, Wolverhampton devient « la révolution portugaise » comme titrent les observateurs et tabloïds anglais. Ruben Neves, milieu extrêmement prometteur de Porto, signe en 2017 pour 8 millions. Un an plus tard, c’est Raul Jimenez qui arrive en provenance de Benfica en prêt avec option d’achat de 38 millions (levée cet été). Ce même mercato 2018, Rui Patricio, Diogo Jota et Joao Moutinho rejoignent l’armada lusitanienne du club des Midlands. Derrière ces transferts, un seul homme : Jorge Mendes.
Un rachat, un homme fort, mais qu’est ce que ces belles promesses rendent en réalité ? Les Wolves finissent tout simplement la saison à la septième place de Premier League et se qualifient pour les tours préliminaires d’Europa League, la saison de leur retour dans l’élite. Mieux, les hommes de Nuno se permettent de tutoyer les grands clubs du top 6 en signant des victoires contre Chelsea, Arsenal, Manchester United et Tottenham. Quand un club ayant recruté tous azimuts comme Fulham a fait l’ascenseur, Wolverhampton apparaît comme l’une des principales menaces pour le Big 6.
Et cette saison ? La trêve et le mercato n’ont pas été de tout repos, et cela se ressent dans les prestations en championnat. Patrick Cutrone et Pedro Neto ont été recrutés pour plus d’efficacité offensive, Jesus Vallejo est arrivé en prêt du Real Madrid (club avec lequel Jorge Mendes a de très bons contacts), et des joueurs sont partis en prêt dans les divisions inférieures. Hélder Costa à Leeds, Ivan Cavaleiro à Fulham, Rafa Mir à Nottingham Forest, entre autres. De plus, les tours préliminaires sont difficiles à encaisser après une saison à haute intensité, et les Wolves pointent à la 19e place de Premier League avec 3 points pris grâce à trois matchs nuls. Très peu rassurant après une aussi belle saison, tant et si bien que les observateurs se questionnent sur le fait que Wolverhampton n’était peut-être qu’une hype passagère.
En C3, Ruben Neves et ses coéquipiers n’ont pas été épargnés par le tirage en héritant de Besiktas, du SC Braga et du Slovan Bratislava. Ce dernier club est méconnu en Europe et c’est logique, puisqu’il n’est en lice en première division slovaque que depuis 3 ans. Par contre, le club turc et le portugais sont des plus gros morceaux. Le Besiktas est un habitué de Ligue des Champions et voudra prouver sa valeur en Europa, quand Braga connaît parfaitement cette compétition en la disputant tous les ans ou presque. En outre, Wolverhampton n’est pas en confiance, recherche toujours sa première victoire en championnat et est en mauvaise posture pour aborder jeudi leur premier match face au SC Braga. Cet affrontement sera intéressant à suivre, car beaucoup de joueurs du club anglais connaissent un minimum leur adversaire, et Nuno les a d’ailleurs déjà rencontrés en tant que manager du FC Porto lors de la saison 2015-2016.
Dans ce groupe relevé, il faudra que les Wolves se réveillent rapidement s’ils ne veulent pas confirmer ce que pensent certains observateurs. Un bon démarrage est primordial pour la confiance, et pourrait les remettre sur des bons rails dans les autres compétitions.