Et si Kompany restait à Burnley malgré tout ?

Last Updated on 28 novembre 2023 by Thibault Dreze

Combien de temps la situation de Kompany à Burnley va-t-elle encore durer ? Les matches passent sans que les points arrivent et la relégation devient de plus en plus certaine. Et pourtant, le club veut y croire.

Le post du compte officiel de Burnley sur les différents réseaux sociaux du club dès lundi matin ne laisse pas place au doute. La défaite des Clarets de samedi face à West Ham (1-2) doit se faire oublier, il faut maintenant penser au prochain match, celui face à Sheffield. Un concurrent direct. Une attitude qui est symptomatique pour un club en crise: oublier la défaite, penser au week-end qui vient, puis, peut-être à nouveau perdre et détourner son attention sur le match suivant. Après 13 journées, le club est dernier avec 4 points récoltés (onze défaites, un nul et une seule victoire).

La sanction infligée à Everton (néo 19e) a fait redescendre le total de points des Toffees à 4 points, comme Burnley. Tandis que Sheffield United est 18e avec 5 points. Luton, vainqueur ce week-end, est devenu par conséquent le premier non relégable avec 9 points. Soit déjà cinq unités d’avance sur Burnley. Un gouffre.

Records négatifs

Malheureusement pour Kompany et Burnley, on parle surtout d’eux pour la succession de records négatifs battus par le club en cette saison 2023/24. D’abord, début novembre, après la défaite contre Crystal Palace, le club devenait la première équipe de l’histoire de l’élite anglaise à s’incliner lors de ses six premiers matches à domicile.

Ensuite, ce week-end, une autre « prouesse » a été atteinte. Pour la première fois en 128 ans, les Clarets ont perdu six matches consécutifs en première division anglaise. Et ce septième revers consécutif à domicile pour lancer la saison est aussi une première dans tout le football professionnel anglais depuis Newport County (D4) en 1970-1971.

Difficile, vu ces temps de passage, d’espérer se maintenir en Premier League. Ce serait d’ailleurs une première, positive cette fois, de voir un club ne pas descendre après 11 défaites lors des 13 premiers matches de la saison.

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Qu’est-ce qu’il a mon style ?

Demeurer parmi l’élite doit évidemment être l’objectif numéro un, sinon que serait le principe même d’une compétition sans volonté de gagner, mais serait-ce pour autant un échec de faire l’ascenseur et de maintenir Kompany à la tête du club ? C’est tout l’enjeu des semaines à venir.

Est-ce que Vincent Kompany serait encore le manager de Burnley sans sa superbe saison l’an dernier en Championship ? Sans doute pas. Mais il ne pourra pas capitaliser là-dessus pour toujours. Il est vrai que depuis son arrivée, lors de l’été 2022, Kompany avait voulu changer totalement le style de jeu des Clarets. Burnley devenant une équipe plus joueuse, avec plus de passages sur les flancs grâce à des joueurs rapides et techniques et une volonté de développer un football fluide, créatif et dominant. D’ailleurs, Burnley avait, dès la première journée de la saison 2022/23, battu le record du nombre de passes réussies (506) dans un match de Championship. Les intentions étaient claires, fini le « kick and rush ». Une volonté de changer les choses qui avait payé puisque Burnley avait terminé la saison champion et dépassé la barre des 100 points avec une qualité de football saluée par l’ensemble des observateurs. L’arrivée en Premier League se faisait donc avec le plein de confiance.

Même si en interne, on se doutait qu’il serait difficile de franchir cette marche, le style de jeu n’était pourtant pas négociable. Mais après 13 journées, force est de constater que cela ne prend pas. L’équipe de Kompany souffre de naïveté, donne l’impression de se saboter elle-même avec des erreurs individuelles ou des failles de concentration dans une équipe jeune et inexpérimentée. Le recrutement estival visant à engager principalement des joueurs âgés de 25 ans ou moins n’y est pas étranger. Une stratégie risquée sur le plan de l’effectif, tandis que sur le plan du jeu, elle l’était tout autant. Mais le principal intéressé ne veut pas tout chambouler. « Mon attitude ne changera certainement pas : être constant et travailler dur, à chaque match. Ce n’est pas dans ma nature de paniquer. Je veux gagner chaque match. Il faut gagner tous les matchs. Nous devons gagner chaque match. Pour y parvenir, il faut demander le meilleur de chacun chaque jour. Le plus important est de continuer à y croire », expliquait-il récemment.

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Par rapport à la saison passée, des joueurs sont également partis ou ne jouent plus. D’abord, Ian Maatsen, qui était prêté par Chelsea. L’arrière gauche hollandais était un titulaire indiscutable et a marqué 4 fois et donné 6 assists. Ensuite, Nathan Tella, prêté par les Saints qui a littéralement explosé la saison dernière en marquant 17 buts et délivrant 5 assists. Manuel Benson faisait aussi partie des éléments les plus offensifs avec 14 buts marqués (et 3 assists), mais il n’a joué 3 matches cette saison. Parcours similaire pour Anass Zaroury (6 buts, 6 assists l’an dernier), qui n’a disputé que 135 minutes en championnat. Ou encore Ashley Barnes, parti à Norwich, qui s’était montré décisif à 10 reprises (7 buts, 3 assists). Cela ne peut pas tout expliquer, mais le déficit de joueurs décisifs est clair. Seulement 10 buts ont été marqués en 13 matches cette saison. La saison dernière, à pareille époque, deux fois plus.

Devenir l’exception du football moderne ?

Alors qu’est-ce qui pousse les dirigeants à maintenir Vincent Kompany à son poste vu le bilan désastreux ? La saison dernière, à la même époque, six managers avaient déjà été remerciés. Et avec des bilans plus positifs parfois. Il faut dire qu’en cet exercice 2023/24, la « sacking race » n’a pas encore été déclenchée puisqu’aucun manager n’a été viré. Pour le moment.

Les raisons sont propres à chaque club, mais dans le cas de Burnley, il y a clairement une envie de s’inscrire sur le long terme. En fait, le plan du club du Lancashire après la descente à l’issue de la saison 2021/22 était de remonter dans les deux voire trois saisons suivantes. Sauf que cet objectif a été réalisé en une seule saison et avec la manière. L’équipe a été construite à l’image de Kompany et s’en séparer impliquerait de grosses difficultés d’adaptation. Beaucoup de joueurs sont jeunes et avec un gros potentiel, ils ont besoin de temps et d’un coach à l’écoute pour briller. Virer Kompany pour amener un coach expérimenté en Premier League ne ferait que redémarrer un nouveau cycle avec des joueurs peu adaptés à ses idées. Vu le manque de joueur d’expérience et de guerriers, ou de joueurs ayant l’habitude de se battre pour la relégation impliquerait un gros mercato en janvier, sans quoi la tête et le corps de l’équipe ne seraient pas faits pour s’entendre. C’est certainement ce qui fait que l’ancien joueur de Manchester City est toujours à la tête des Clarets. D’ailleurs, certains supporters clament vouloir garder Kompany au club, même en cas de descente

Le président aussi donne le sentiment de vouloir stabilité à long-terme. Alan Pace, en poste depuis le rachat du club par les Américains d’ALK Capital fin 2020, déclarait en mai dernier que « Kompany peut rester à Burnley pour toujours ». Évidemment, c’est facile à dire dans l’euphorie d’un titre. Un mercato à plus de 100 millions et un début de saison catastrophique plus tard, l’état d’esprit est peut-être différent. Tout dirigeant de club aimerait pouvoir compter sur son coach durant plusieurs années durant. Comme c’était le cas avant Kompany avec Sean Dyche, resté un peu moins de 10 ans (d’octobre 2012 à avril 2022) à la tête des Clarets, un record dans l’ère moderne du club.

Mais est-ce économiquement justifiable de maintenir un manager à tout prix, malgré des résultats sportifs négatifs car « en avance sur les objectifs » ? La logique voudrait que si un premier objectif est rempli, on passe au suivant. Redescendre en Championship ne peut être perçu que comme échec. Sportivement.

Certes, financièrement, le club recevra, quoi qu’il arrive en fin de saison, une manne financière de plus de 100 millions liée aux droits TV. Sans oublier que grâce à un système de parachute doré, les clubs relégués, pendant trois ans après leur descente et s’ils ne remontent pas, continuent de recevoir de l’argent des droits de TV de Premier League. Cela aide à relativiser.

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Mais en attendant la fin de saison, le club ne peut pas, en termes d’image, se permettre d’enchainer les casquettes. Face à West Ham, ce week-end, Burnley a été la meilleure équipe et a contrôlé la majorité des débats. Mais, une fois de plus, les petites marges, la concentration et les vieux clichés ont refait surface et ils ont perdu le match de la pire des manières en encaissant deux buts dans les derniers instants du match.  « C’est douloureux, ça fait mal. Après une si bonne performance, nous passons soudainement à côté de ces trois points. Les différences dans la Premier League sont si petites, vous devez être bon tout au long du match », a déclaré Kompany à l’issue du match.

La réception de Sheffield United le week-end prochain est l’occasion idéale d’enfin gagner ce premier match de la saison. La conséquence d’une victoire serait double puisque cela permettrait de quitter la dernière place, avec certitude, mais aussi de créer un déclic mental pour tout le monde et de se dire que la saison débute enfin.

Tic tac, l’horloge tourne.

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