Last Updated on 13 novembre 2020 by Thibault Dreze
À l’approche des rencontres de huitièmes de finale de Ligue des Champions, Box to Box vous propose une analyse et une tentative de pronostic pour ce duel opposant Liverpool à l’Atlético Madrid. Qui ressortira vainqueur de cette double confrontation ? Que nous réserve ce huitième ? Qui accédera aux quarts de finale de la plus prestigieuse compétition européenne ?
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Analyse des forces en présence
Tenant du titre et récent vainqueur de la Coupe du Monde des Clubs, Liverpool réalise cette année des performances impressionnantes. Leader invaincu de Premier League, l’équipe de Jürgen Klopp semble déjà avoir suffisamment creusé l’écart avec ses poursuivants et il paraît très improbable que le titre tant convoité par les supporters leur échappe en cette saison 2019-2020.
L’effectif des Reds n’est plus à présenter. Alisson, bien que numéro 2 en sélection, entre aisément dans les débats quand il s’agit de parler de meilleur gardien du monde, bien aidé par la ligne de quatre devant lui. Trent Alexander-Arnold et Andy Robertson sont des éléments indéboulonnables et font eux aussi partie du top 3 mondial à leur poste, tandis que la doublette Virgil Van Dijk – Joe Gomez offre une bonne assise défensive, complémentaire et également capable de faire office de premiers relanceurs de leur équipe.
Au milieu de terrain, le trio Henderson – Wijnaldum – Fabinho a le plus souvent les faveurs du coach allemand, mais la profondeur de banc (Naby Keita, James Milner, Alex Oxlade-Chamberlain, …) permet une rotation efficace sans perte de qualité. Devant, le trio Mané – Salah – Firmino continue d’impressionner, fait le spectacle et marque but sur but, sans pour autant dénigrer le boulot effectué dans la construction de jeu, permettant à d’autres éléments de l’effectif d’eux aussi faire mal devant les cages adverses.
Le banc regorge également de qualités : les expérimentés Dejan Lovren et Joel Matip, Adam Lallana, sans oublier les détonateurs Shaqiri (absent), Origi, et le nouveau-venu Minamino. Bref, l’effectif de Liverpool déborde de talents, sur tous les compartiments du jeu, tant sur le rectangle vert que sur le banc.
De plus, les pensionnaires d’Anfield ont la confiance avec eux. Sur le toit de l’Europe et du monde, actuellement « équipe à battre » dans leur propre championnat, peu d’équipes semblent à même de faire trembler les hommes de Klopp.
Côté Atlético, le tableau est plus mitigé. Battus en finale de Supercoupe d’Espagne par leurs voisins du Real, les Colchoneros pointent actuellement à la quatrième place d’une Liga plus serrée que jamais. Dépourvu à l’été 2019 de certains de ses cadres ayant fait l’histoire récente du club (Godin, Filipe Luis, Griezmann, …), les observateurs du championnat espagnol pariaient au début de celle-ci sur une saison de transition pour le club de Diego Simeone.
Mais en recrutant aux postes clés et surtout, en recrutant intelligemment, l’Atlético est à flot. Joao Félix (qui sera absent) a su s’adapter aux consignes tactiques du Cholo, et des joueurs comme expérimentés comme Felipe en défense centrale ou Hector Herrera au milieu de terrain sont venus apporter à un groupe de l’Atléti jeune mais ambitieux une colonne vertébrale solide. En appuyant le talent de jeunes joueurs (Renan Lodi, Marcos Llorente, …) par des cadres adeptes de la philosophie du club (Koke, Oblak, Gimenez, …) l’identité footballistique propre au club madrilène et à son coach a su être préservée.
De plus, l’effectif Rojiblancos est lui aussi bien fourni. Jan Oblak est un patron incontestable entre ses poteaux et fait lui aussi partie des débats concernant le meilleur gardien de la planète foot. Devant lui, les vieillissants Filipe Luis et Juanfran ont été remplacés par Kieran Trippier, joueur expérimenté arrivé cet été en provenance de Tottenham, et Renan Lodi, véritable pépite brésilienne. La charnière centrale est solide avec Felipe, arrivé gratuitement en provenance de Porto, et José Maria Gimenez, qui a appris le métier de défenseur Colchonero aux côtés de son compatriote Diego Godin et est maintenant prêt à prendre son relais.
Au milieu de terrain, les options sont nombreuses. Saùl Niguez et Thomas Partey se muent depuis quelques saisons déjà en patrons du onze de base, tandis que sur les côtés du 4-4-2, des joueurs comme Vitolo ou Koke peuvent se muer en constructeurs de jeu comme faire office de détonateurs dans les défenses adverses. Devant, Alvaro Morata est régulièrement associé à Joao Félix, véritable pépite, déjà transfert le plus cher de l’histoire du club à même pas 20 ans.
Tous ces joueurs ne sont pas les seules armes du club, puisque des hommes comme Mario Hermoso, Stefan Savic ou Santagio Arias en défense, Hector Herrerra ou Marcos Llorente au milieu ou encore Diego Costa et Angel Correa sur le front de l’attaque aident à former un groupe homogène et plutôt à même de résister aux pépins physiques pouvant survenir, a fortiori en jouant à la manière de l’Atlético.
Le point sur les effectifs
Atlético:
Out: Trippier (hance), Herrera (non spécifié), Félix (muscle)
Incertain: Costa (hernie)
Liverpool
Out: Clyne (genou), Shaqiri (mollet)
Manquera le prochain match si averti: Robertson
La qualification
Les deux clubs se sont tirés de groupes difficiles à négocier. Celui des Reds présentait une nette fracture entre les deux équipes qualifiées pour le prochain tour et celles ayant fini troisièmes et quatrièmes. Première place acquise à un point du second, le SSC Napoli, malgré une nette domination sur l’ensemble du groupe en général.
Quant à l’Atlético, les joueurs de Simeone ont livré des prestations correctes sans être étincelants, et malgré une légère baisse de régime en fin de campagne, ont terminé à la deuxième place derrière la Juventus en laissant le Bayer Leverkussen être reversé en UEFA Europa League.
Éléments à prendre en compte
Premier élément : le calendrier de chaque équipe. L’Atlético a commencé son mois de février avec une rencontre face au Real (défaite 1-0), avant un déplacement à Valence (2-2) à deux jours de la confrontation face à Liverpool, sans oublier le match contre Grenade (victoire 1-0) entre ses deux affiches. Les Reds ont été plus épargnés, avec des confrontations face à Southampton (victoire 4-0) et Norwich City (victoire 0-1). L’avantage est côté Liverpool donc, avec deux matchs face à des équipes mal classées avant de se déplacer au Wanda Metropolitano.
Ce qui nous amène au second élément à prendre en compte. Le match aller du 18 février se déroulera en terre madrilène, ce qui implique un retour dans le chaudron d’Anfield Road. Si l’Atlético résiste aux Reds chez eux, le match retour sera très difficile face au public anglais. Même s’il semble compliqué de pronostiquer le match aller, et peu importe son résultat, l’ambiance et la ferveur des supporters de Liverpool seront déterminants au retour.
La dernière chose à avoir à l’esprit au moment d’analyser cette double confrontation est la saison actuelle de chaque équipe. Toute personne connaissant un minimum le football sait que le titre que Liverpool convoite, l’unique qui manque tant à ses supporters, c’est bien la Premier League. Quasi imbattables dans cette compétition cette saison et tenants du titre en Ligue des Champions, Jürgen Klopp prendra-t-il le risque de perdre des points en championnat en se battant pour une seconde Ligue des Champions de rang ? La question a le mérite d’être posée, mais est-elle d’actualité à ce stade de la compétition ? Et n’est-il pas du ressort des grands clubs d’être à même de se battre sur chaque tableau ?
Du côté des Colchoneros, rien n’est joué. Si Liverpool survole son championnat, celui de l’Atlético est extrêmement serré et il est impossible de prévoir à ce stade de la compétition qui finira champion. Une bonne performance en Ligue des Champions pourrait conditionner le reste de leur saison, les hommes de Simeone ayant plusieurs fois atteint la finale de la compétition sans jamais parvenir à soulever le trophée.
Point tactique
Bien que les idées de jeu et les préceptes de chaque équipe soient déjà bien connus, il semble important de faire un rappel tactique des forces en présence. Chacun des protagonistes fonctionne avec un système quasi-immuable depuis quelques saisons déjà : le 4-4-2 pour l’Atlético, le 4-3-3 côté Liverpool. Chaque équipe développe un jeu propre à elle-même. Le système tactique de pression à la perte de balle et de relances rapides de l’Atlético tiendra-t-il face à l’alternance constante entre jeu long et jeu court de Liverpool ?
En effet, les Reds pourraient faire très mal à leur adversaire en déstabilisant leur ligne arrière par l’envahissement de leur partie de terrain, avec une ligne défensive si souvent placée à hauteur du milieu de terrain en phase offensive. Leurs ailiers, qu’on ne présente plus, constituent une menace perpétuelle, tandis que Roberto Firmino est un électron libre, capable de décrochages qui déstabilisent la défense adverse comme de percées au cœur de celle-ci. Défensivement, avoir le meilleur central du monde dans son équipe aide grandement à une stabilité défensive, et son association avec Joe Gomez permet d’allier vitesse et placement. Les latéraux jouent aussi un rôle prépondérant, tant à la perte de balle qu’en phase de possession.
Malgré un système tactique bien étudié et très bien mis en place par les joueurs côté Liverpool, le jeu sans ballon de l’Atlético n’est pas négligeable. La force de cette équipe réside en le fait que l’individuel est mis au service du collectif. Les onze joueurs sur la pelouse travaillent les uns avec les autres, ce qui permet aux Colchoneros de moins reposer leur plan de jeu sur des différences individuelles que celui de Liverpool.
De plus, leur défense reste un point important sur lequel s’attarder. Malgré l’armada offensive impressionnante dont dispose Jürgen Klopp, la ligne défensive de l’Atlético est capable de résister et de subir longtemps. Leur force repose dans la souffrance collective, et en ménageant correctement leurs attaquants, les joueurs de Simeone pourraient faire très mal à leurs adversaires en contre.
Pronostic
Malgré tous ces éléments, difficile d’imaginer une élimination de Liverpool. Avec deux finales consécutives à leur actif, dont une gagnée, les hommes de Klopp connaissent bien cette compétition et le groupe, pour si peu qu’il ait évolué, ne s’est que renforcé. De plus, l’Atlético présente quant à lui un niveau tout de même en deçà de son adversaire.
Avec la perte de leurs cadres, cet Atléti n’est pas à même de rivaliser avec les cadors. Souvenez-vous de l’édition de l’année dernière : malgré une prestation convaincante à l’aller, les Colchoneros avaient fini par s’incliner 3-0 au retour grâce à un Cristiano Ronaldo étincelant côté Juventus. Nul doute que l’Atlético est une équipe qui sait souffrir, subir. Mais face à de tels joueurs, articulés dans un plan de jeu si bien huilé et qui est sans doute aujourd’hui l’équipe la plus confiante d’Europe, difficile de croire au miracle pour les Madrilènes.