Last Updated on 13 novembre 2020 by Thibault Dreze
Entre calendrier chamboulé et conjoncture compliquée, le marché des joueurs libres de tout contrat n’a jamais semblé si peu attractif. Explications.
Partout en Europe, le football s’est arrêté fin février-début mars, avant de ne reprendre que courant juin. Une interruption qui a décalé tous les calendriers et qui a eu un impact collatéral sur les joueurs dont le contrat s’achevait en juin 2020, date normale pour les contrats de footballeur.
Comme l’explique le Telegraph, « certains chanceux ont accepté de nouveaux contrats juste avant que le coronavirus ne frappe. Toby Alderweireld a prolongé ses mandats avec les Spurs en décembre et Christian Eriksen a aussi gagné le gros lot en obtenant un transfert à l’Inter Milan avec un salaire équivalent à 200 000 £ au Royaume-Uni ».
Mais pour les autres, la situation est bien plus complexe. Ces joueurs en fin de contrats allaient-ils renouveler leur contrat pour quelques semaines, ne rien prolonger et ne plus jouer ou chercher un autre club? Une situation à double tranchant et qui dégouline encore maintenant.
En effet, le marché des transferts a été complètement chambardé par le Covid-19. Lorsque le football a été suspendu, il a surtout été question de sauver les clubs de l’effondrement financier, plutôt que de blinder des joueurs avec des contrats lucratifs. Il valait mieux se débarrasser d’un gros salaire, quitte à ne pas toucher d’indemnité de transfert, que de mettre en péril tout l’équilibre du club.
L’attente et la recherche
Face à cette situation, les « agents libres » sont contraints d’attendre. D’une part que les clubs établissent leur budget, qui sera sans doute aussi défini par le moment où les supporters seront autorisés à retourner dans les stades. D’autre part, les clubs sont aussi un peu plus frileux vu la forme physique de certains. Si avant la pause forcée, les joueurs étaient en pleine saison, avaient du rythme et on pouvait se faire une idée plus précise de leur qualité, c’est bien plus complexe maintenant.
Prenez par exemple le cas de Ryan Fraser. Durant la saison, sachant le joueur libre en fin d’année, beaucoup de clubs ont marqué un intérêt prononcé pour cet ailier écossais. Sauf qu’il n’a plus joué au football depuis mars. En effet, le joueur avait refusé de signer une extension de contrat à court terme pour disputer les derniers matches de Bournemouth en juin et juillet. Dès lors, il a disputé ses dernières minutes le 7 mars 2020.
De l’eau a coulé sous les ponts depuis et vu le manque de rythme du joueur, de nombreux clubs ont tourné la tête. Tottenham a d’ailleurs avoué ne plus avoir d’intérêt pour le joueur. Car il aura sans doute du mal à rentrer dans la danse physique et que le contexte économique a changé. Lui qui avait snobé une offre de 67 000 £ par semaine pour finir la saison avec les Cherries, devra se contenter de moins (Crystal Palace a offert 50 000 £). Un coup de poker raté.
C’est le moment de regarder vers l’avenir et de voir toutes les opportunités.
Joe Hart
«Nous sommes dans une période où rien ne semble normal», explique Joe Hart, pas prolongé à Burnley, à la BBC. «Peut-être que de l’extérieur, les gens pensent que c’est le moment de la panique, mais de l’intérieur, c’est le moment de regarder vers l’avenir et de voir toutes les opportunités.»
Il est vrai que le joueur libre a le confort de pouvoir analyser les différentes offres et peut faire figure de bonne affaire, ce qui peut s’avérer utile en négociation. Mais à quelques semaines de la reprise des entraînements, il devient urgent pour certains de s’établir. Afin de retrouver la forme et de s’intégrer au mieux dans un groupe.
Un mercato calme
Ouverte depuis le 27 juillet en Angleterre, la fenêtre de transfert fermera dix semaines plus tard, le 5 octobre. Le championnat, lui, devrait redémarrer le 12 septembre. Des dates inédites qui expliquent sans doute une certaine lenteur sur les marchés. Mais il ne faut pas se voiler la face, il ne devrait pas s’affoler outre mesure.
Des clubs riches en liquidités comme Chelsea ont été bien placés pour investir après deux mercato sans dépenses. Mais le reste de la Premier League a été mesuré dans ses dépenses jusqu’ici et risque de l’être jusqu’au bout.
Voilà comment des joueurs comme Ryan Fraser, Jan Vertonghen, Jeff Hendrick, Nathaniel Clyne, Aaron Lennon, Joe Hart et d’autres cadres de Premier League sont actuellement sur la touche. Tandis que d’autres joueurs libres comme Willian (Arsenal) et Pedro (Roma) vont sans doute trouver preneur. Lallana a lui réglé son cas très rapidement en rejoignant Brighton au terme de son contrat. La situation est similaire à l’étranger puisque des joueurs comme Cavani, Götze, Mandzukic ou Garay sont toujours à la recherche d’un club.
On le voit, se retrouver sans clubs dans le contexte actuel n’est pas chose aisée. Vu les interrogations financières de beaucoup de clubs, il est difficile d’offrir des gros contrats, même pour des joueurs « gratuits ». Beaucoup d’entre-eux devront sans doute revoir leurs exigences financières, et du coup sportives, à la baisse.