Pourquoi il ne fallait pas s’attendre à mieux pour la reprise de la Premier League ?

Last Updated on 13 novembre 2020 by Thibault Dreze

L’excitation d’une reprise de championnat est toujours grande. Elle l’a été d’autant plus durant cette interruption forcée à cause de la crise sanitaire mondiale. Au moment de reprendre, tous les fans du championnat anglais étaient « over the moon ». Après avoir vu toutes les équipes jouer au moins une fois, il faut bien reconnaître que tout cela était plutôt « boring », mais cela n’a rien d’étonnant.


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La plupart des observateurs s’accordent pour dire que cette reprise de Premier League est assez aseptisée. D’une part par l’absence de public, ce qui est, malheureusement, la condition sine qua non pour une reprise, mais d’autre part pour une série d’éléments liés à la préparation physique et psychologique des joueurs.

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Mais fallait-il s’attendre à des matches flamboyants dès le départ ? Il faut être naïf, voire candide pour le croire. D’une part car les stades sont vides et muets. Il y a bien ce simulacre d’ambiance festive lorsque vous visionnez le match en télévision, mais ce tapis sonore est surtout présent pour détourner les oreilles de la triste réalité. Il est évident qu’une foule qui se lève et qui arrange ses joueurs à la moindre contre attaque ou récupération de balle, ou la même horde de supporters qui met la pression pour égaliser en fin de match, a son rôle. L’influx d’énergie et le boost moral que les tribunes peuvent apporter aux joueurs sont devenus inexistants.

Il est évident que nous ne sommes pas partisans de renvoyer des milliers de personnes dans des stades parfois exigus. Il s’agit juste de comprendre que le rôle du supporter dans le foot reste et restera capital. Financièrement évidemment, mais surtout sportivement. Le supporter porte bien son nom puisqu’il encourage, supporte son équipe. Son absence est donc clairement l’une des causes de cette reprise un peu apathique. Sur et en dehors du terrain.

Trêve classique VS interruption forcée

Autre point dans le viseur, la durée de l’interruption. Dans l’inconscient collectif, celle-ci a été longue comme un jour sans pain. Pourtant, en comparant, on se rend compte qu’elle n’a été plus longue que d’une dizaine de jours par rapport à un pause normale.

Nombre de jours entre le dernier match d’une saison et le premier de la suivante :
– Entre la saison 16-17 et 17-18: 82 jours soit 2 mois et 21 jours.
– Entre la saison 17-18 et 18-19 : 89 jours soit 2 mois et 28 jours.
– Entre la saison 18-19 et 19-20: 89 jours soit 2 mois et 28 jours.
– Lors de la pause forcée liée à la crise sanitaire: 103 jours soit 3 mois et 11 jours entre le dernier match de Leicester (dernière équipe à jouer avant la pause) et le premier de la reprise.

Certes, la saison n’était pas finie, cela n’a donc pas vraiment de sens de comparer une trêve classique à une interruption forcée, il est simplement intéressant de se rendre compte que la crise sanitaire n’a pas éloigné les joueurs des terrains beaucoup plus longtemps que lors d’une entre-saison normale. Ce qui diffère, et c’est là aussi un gros facteur qui explique cette reprise poussive, c’est bien le contenu de cette pause.

Touché physiquement et psychologiquement

C’est la préparation en elle-même qui a surtout été perturbée. Seulement deux grosses semaines de vraie préparation en groupe et avec contact contre, en temps normal, quasiment un mois complet avec un programme physique à respecter, même en vacances. Pendant cette interruption, non seulement la cassure a été nette et les joueurs ont eu de la peine à entretenir leur condition durant ces longues semaines, mais le laps de temps disponible pour revenir complètement en forme était beaucoup trop court.

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Ajoutez aux difficultés à entretenir sa forme physique, un vrai climat d’angoisse lié à l’être humain et non aux joueurs. Lors des premières semaines de la pandémie, il faut bien avouer que beaucoup d’entre nous, autorités y compris, naviguaient à vue. Tout cela était bien neuf pour tout le monde et les séquelles psychologiques sont réelles. Certains joueurs vivaient dans la peur d’attraper le virus (Deeney pour ses proches, Kante pour lui même sont les deux exemples phares), mais certains acteurs ont aussi été directement touchés. Arteta et certains joueurs des clubs ont été infectés, Guardiola a perdu sa maman à cause de la maladie, idem pour Dean Smith et son père.

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Dans ce contexte, difficile de ne penser qu’à son métier, en l’occurrence footballeur. D’autant plus que dès les premiers éclaircissements, la machine s’est relancée toute voile dehors sans réelle transition.

À quelle fin de saison s’attendre ?

On le sait le champion 2020 est connu. Ceci explique peut-être aussi un certain manque d’envie chez les joueurs puisque le haut de tableau est défini. Le champion en tout cas. La lutte pour la troisième place vaudra le détour ainsi que pour les places européennes. Mais de nouveau, sans fans et communion avec ceux-ci, difficile de s’arracher. C’est pareil pour le bas de tableau. Si les enjeux sont encore nombreux, lutter pour sa survie en Premier League sans soutien du public n’a pas du tout la même saveur.

Malheureusement, si on peut supposer que l’intensité des matches sera croissante au fil des journées, on sera encore bien loin de la frénétique et grisante ambiance des matches en Angleterre. Il est donc fort probable que la saison 19-20 se termine de la sorte, sans folie en dehors des terrains. On peut cependant se réjouir de voir de jolies choses sur le terrain comme des très jolis buts marqués durant tout ce week-end. C’est une maigre consolation, mais quitte à être vissé dans son canapé, c’est toujours ça de pris.

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