Unai Emery : vaincu par les fantômes d’Arsenal

Last Updated on 13 novembre 2020 by Thibault Dreze

Les rumeurs se faisaient de plus en plus insistantes jusqu’à ce que la nouvelle tombe ce vendredi : Unai Emery était démis de ses fonctions d’entraîneur d’Arsenal. Son arrivée avait suscité l’espoir d’un renouveau après l’ère Wenger longue de 22 ans. 17 mois plus tard, l’ambiance est toute autre. À sa décharge, le Basque a dû, tout au long de son mandat, faire avec la présence de fantômes rôdant dans les travées de l’Emirates.


Flash back : nous sommes le 02 décembre 2018, il y a presque un an, jour pour jour. Le moment est important pour les supporters des Gunners. Ils viennent de battre l’ennemi de toujours, Tottenham, suite à un magnifique match remporté 4-2. Le club est en pleine euphorie : une série de 22 matchs sans défaites (dont 7 succès consécutifs en Premier League), un jeu chatoyant, des joueurs comme Guendouzi, Lacaztte, Aubameyang ou Torreira qui émerveillent la Premier League : tous les ingrédients sont là pour vivre une grande saison.

Des chants « We’ve got our Arsenal back » retentissent dans les tribunes. Avant la chute : la saison finit mal avec une cinquième place qui les exclut encore de la Ligue des Champions et une sévère défaite face à Chelsea en finale d’Europa League (4-1). Le début de championnat raté ponctué par une vilaine huitième place confirme la tendance négative. Comment expliquer ce grand écart ?

Le fantôme d’Arsène Wenger

Il n’y a rien à faire : quand on débarque dans un club après un entraîneur en place depuis 22 ans, imprimer sa griffe prend irrémédiablement du temps. Emery semblait le candidat idéal : sa soif de transmettre, sa grinta, ses nouvelles méthodes allaient donner un bon coup de pied au cul de certains joueurs endormis par la routine Wengerienne. C’est ce qu’on a cru après le bon début de championnat, avant que cet état de forme ne s’essouffle assez vite.

Comme si les joueurs, un temps revigorés par ces changements, retombaient dans leurs travers. Emery, face à cette mauvaise passe semblait avoir du mal à réagir. Gesticulant à l’extrême tel un pantin désarticulé le long de sa ligne, son message paraissait avoir plus de mal à passer, notamment à cause d’un anglais trop limité pour faire passer la passion et les nuances dont l’homme est rempli.

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Souvent moqué pour toujours finir quatrième, l’Arsenal d’Arsène Wenger n’était peut-être pas si mauvais… En plus de l’Alsacien, un autre personnage central du club s’en allait avec lui : le directeur sportif Ivan Gazidis rejoignait l’AC Milan. Cette transition explique le mercato limité d’Arsenal qui a privé Emery de certains joueurs qu’il voulait. Pas idéal pour imposer ses principes de jeu.

Le fantôme des capitaines

Au moment d’essuyer des tempêtes, il est toujours bon de pouvoir compter sur un point de repère, un phare éclairant le chemin dans la nuit noire, un leader. Et on est en droit de se poser la question : qui assume ce rôle de leader dans le groupe ? La réponse, Unai l’a longtemps cherchée, au vu de la tournante qu’il a instaurée pour le brassard de capitaine.

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À l’image de Granit Xhaka, exemplaire de par son abattage dans le milieu de terrain, mais qui a sombré en faisant un bras d’honneur aux supporters et en mettant tout le monde dans l’embarras. Bizarre comme capitanat. La saison passée, le groupe pouvait encore se fédérer autour de personnalités comme Petr Čech et Laurent Koscielny. Ce dernier était capitaine depuis plusieurs saisons avant, cet été, de partir au clash avec le club pour forcer son transfert à Bordeaux. Drôle de capitanat (bis).

Une défense fantômatique

Il faut laisser à Unai ce qui est à Unai : regarder un match d’Arsenal était synonyme de spectacle : le public de l’Emirates a été gâté en buts…que ce soit pour Arsenal ou pour l’adversaire. Des joueurs offensifs comme Aubameyang ou Lacazette se sentaient très bien au sein du dispositif et scoraient presque les yeux fermés. Ça, c’est le côté pile. Côté face, la base de l’équipe, la défense, montrait d’énormes signes de fébrilité. Que ce soit Sokratis ou David Luiz, de nombreux buts ont été littéralement offerts suite à des relances catastrophiques ou à un placement plus qu’approximatif.

Cette fragilité était accentuée par des backs très portés vers l’offensive : il n’était pas rare de voir monter Kolasinac et Bellerin de concert sur leurs flancs respectifs. Il n’est donc pas étonnant que l’équipe ait fini la saison passée avec 51 buts encaissés en 38 matchs et entamé la saison actuelle avec 19 buts pris en 13 matchs. Heureusement que les attaquants rattrapaient le coup.

Ressortir proprement comporte des risques. Ces erreurs défensives ont coûté beaucoup de points aux Gunners.

Le fantôme de Mesut Özil

Au sein de ce football léché et offensif prôné par Emery, un élément détonnait par son absence : Mesut Özil, dit « le magicien d’Oz ». L’Allemand est indéniablement un des joueurs au QI footballistique le plus élevé en Europe. Ses caviars pour les attaquants et sa technique nonchalante auraient dû être magnifiés par la philosophie d’Emery. « Auraient dû » car il n’en a rien été : son temps de jeu aura été pauvre et ses rares apparitions, très discrètes.

La relation entre les deux hommes était très compliquée, l’entraîneur lui reprochant un manque de professionnalisme. Si ça n’a pas trop affecté le rendement offensif de l’équipe, cette mise à l’écart n’a certainement pas soudé le groupe et a fragilisé l’image de l’Espagnol auprès du public, privé de l’un de ses joueurs préférés. La pression s’est faite tellement forte qu’ Özil a été réintégré dans l’équipe ces dernières semaines. Sans succès…

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Qui que soit le nouvel entraîneur, il aura du boulot, a commencer par le secteur défensif. Mais pourra-t-il vraiment faire mieux qu’Emery la saison dernière ?

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