1963 : quand l’hiver paralysait le foot anglais

Last Updated on 22 décembre 2019 by Thibault Dreze

Si la période de Noël  est synonyme de période de rush en Premier League et partout en Angleterre, les clubs doivent cependant parfois composer avec des conditions climatiques difficiles. Mais rien de comparable avec cet hiver 1963 qui a entraîné reports sur reports, semant le chaos dans toutes les divisions.


Sans doute bien confortablement au chaud chez vous pour lire cet article, voici quelques chiffres pour mieux comprendre le caractère extrême de cet hiver-là : à partir de fin décembre, une vague de froid s’installe, entraînant des températures jusque -30 degrés et des bourrasques allant jusqu’à 190 km/h. Les terrains s’en retrouvent gelés sur 60 cm de profondeur. Pas idéal pour la pratique du football…d’autant que la situation s’éternise jusque début mars.

Reports en cascade

Il est évidemment impossible de jouer dans ces conditions. Pourtant, certains clubs comme Liverpool s’entraînent quand même dans les salles de sports des collèges de la ville en attendant une amélioration. Amélioration qui ne viendra pas : ainsi, le match de FA Cup entre Lincoln et Coventry est reporté à 15 reprises.

Certains téméraires (ou inconscients, c’est selon) essayent quand même de faire se dérouler les rencontres par tous les moyens. À Norwich, on sort les lances-flammes pour essayer de dégeler le terrain. Un employé raconte : « Cela n’a servi à rien : aussi vite que la glace fondait, elle gelait à nouveau. On a aussi essayé les brise-glaces, mais ça n’a pas marché non plus  ». À Wrexham, la méthode semble plus efficace : le club répand 80 tonnes de sable sur la pelouse permettant la tenue du match contre Liverpool. Mais la palme revient à Brighton : un membre du staff prend l’initiative de déneiger le terrain avec le rouleau-compresseur en béton. Résultat : la neige s’en va, mais la pelouse aussi.

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Cette longue trêve involontaire a des conséquences financières : si les matchs n’ont pas lieu, les clubs ne voient plus d’argent rentrer dans les caisses. Pour s’assurer un minimum de recettes, le club d’Halifax transforme sa pelouse en patinoire payante. Autre secteur touché : les agences de paris. Afin d’éviter une énorme baisse d’activité menant à leur faillite, elles créent le Football Pools Panel, un comité d’experts qui a le but surréaliste de se pencher sur le déroulement possible de matchs qui devaient avoir lieu…et d’en annoncer le résultat fictif à la télévision à l’adresse des parieurs.

Exils forcés et calendriers bousculés

Les équipes qui le peuvent partent à l’étranger pour préserver leurs joueurs. Ainsi, plusieurs clubs s’en vont disputer des matchs amicaux en Irlande, où les conditions sont plus clémentes. Chelsea va jusqu’à s’exiler sous le soleil de Malte. Sauf que le retour ne se passe pas comme prévu : les aéroports anglais ont fermé. Les Blues sont alors contraints de rester sur place pour quelques semaines de plus. Face à la situation, la fédération anglaise accepte de faire jouer quelques matchs de coupe et de championnat sur n’importe quel terrain qui satisfasse les deux équipes, même à l’étranger. Car le retard commence à s’accumuler : 261 matchs sont reportés.

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Quand la vague de froid se retire enfin, vers début mars, la compétition reprend avec un rythme infernal pour rattraper le temps perdu. À l’image de Liverpool qui dispute deux matchs en deux jours (avec la même équipe et deux victoires à la clef s’il vous plaît). Grâce aux efforts de tout le monde, la saison ira jusqu’à son terme, même si la finale de la FA Cup a lieu avec trois semaines de retard. Une fin de saison dantesque dont les clubs rigolaient grâce à leur flegme légendaire. Pas sûr que les managers actuels en riraient autant.

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