Leicester: pourquoi le départ de Puel n’est pas si surprenant.

Last Updated on 13 novembre 2020 by Thibault Dreze

Arrivé en octobre 2017 pour remplacer Craig Shakespeare, Claude Puel est lui aussi remercié. Une série de 7 matches sans victoire officialise un départ souvent évoqué au fil de la saison.


Une premier test à Southampton

Leicester n’était pourtant pas la première expérience en Premier League. Le Français avait en effet coaché les Saints lors de la saison 2016-2017 en amenant Southampton à la 8e place au général et en finale de la Coupe de la Ligue. Et sa situation de l’époque résonne aujourd’hui. Comme une histoire qui se répète.

Comme à Leicester, son passage à Southampton a été façonné de hauts de de bas. Des performances honorables, mais qui n’ont jamais pris le dessus sur les critiques.« Globalement, les performances étaient souvent austères, particulièrement à domicile », écrivait ainsi le Daily Echo« Malheureusement, la plupart des fans ne vont pas voir leur équipe à l’extérieur assez souvent, ce qui est dommage pour Puel puisque c’est à l’extérieur que son style en contre-attaque s’exprime le mieux. Mais à Saint Mary, ce n’était pas bon. Le facteur divertissement manquait terriblement. Dans ce cas là, si vous ne gagnez pas tous les matches, les gens ont du mal à le pardonner ».

Avec 17 buts marqués, Southampton était la 2e moins bonne attaque à domicile de Premier League. Southampton décidait donc de se séparer de Puel au terme de sa première et unique saison chez les Saints.

Quand il prend en charge les Foxes en octobre 2017, ils pointent à la 14e place. Le reste de la saison ne sera pas un fleuve tranquille: 5 victoires seulement lors des 20 derniers matches. De quoi mettre le manager sur la sellette à plusieurs reprises. Sans parler de frictions avec plusieurs membres de l’effectif.

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Mais la victoire face à Arsenal (3-1) et la défaite à Tottenham après un match à un peu fou (5-4) lors de la dernière journée auraient convaincus les dirigeants de le conserver. Il entame donc l’exercice 2018-2019 avec une certaine pression sur les épaules.

Une saison d’émotion et de frissons

Malgré une confiance renouvelée, Claude Puel reste dans les échappés de la fameuse « sack race » tout au long de cette saison. Avec, comme la saison dernière, des « victoires sauvetage » comme face à Chelsea et Manchester City. Des résultats qui permettent de retarder l’échéance, mais qui n’empêchent pas les observateurs de se montrer dubitatifs. Malgré cela, certains suiveurs voyaient en Puel un coach idéal, fait pour la Premier League.

« Quand les épreuves de la vie frappent, il y a deux façons de les appréhenderSoit on baisse pavillon et on sombre, soit on avance, on regarde devant et on en sort plus fort. ».  Une détermination, remarquée et admirée par les supporters, née dans le drame qui avait frappé le propriétaire du club Vichai Srivaddhanaprabh en octobre dernier. Claude Puel avait décidé de choisir la deuxième option. « J’ai essayé de m’adapter à la personnalité de chacun de mes joueurs, de proposer des choses différentes pour rassembler leurs énergies. Dans des moments aussi douloureux, on apprend beaucoup sur soi-même. On aurait bien sûr préféré ne pas avoir à vivre ces événements tragiques. Mais puisque c’est le cas, ils doivent être capables de s’en servir pour grandir et pour se forger mentalement », confiait-il à l’Equipe. 

Mais cette adaptation n’est pas assez profonde pour certains cadres de l’équipe qui commencent à s’irriter. Comme Jamie Vardy pas totalement convaincu par les idées du technicien français et qu’il n’a pas hésité à le critiquer publiquement.

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Une planche savonnée depuis le début

Comme un couple qui se dispute depuis des semaines, la conclusion est inévitable pour Puel : c’est la séparation. En effet, les 6 matches sans victoires en championnat ont scellé son sort. Entre mauvais résultats et vestiaire divisé, la situation était devenue intenable.

Peter Schmeichel, le père du capitaine de Leicester n’a pas non plus hésité à tirer sur l’ancien coach de Lyon et de Nice quelques jours avant son limogeage sur BEIN : « Leicester City est un bon club de football. Une fois qu’ils auront réglé ce problème, ils peuvent faire mieux et je vous laisse le soin d’interpréter ce que cela veut dire… ». Des propos équivoques et qui ont sans doute transpiré du vestiaire jusqu’aux oreilles de l’ancien gardien.

Pour Philippe Auclair, qui s’exprime dans le podcast « Hors-Jeu » c’est surtout la communication du coach qui lui a causé du tort :« Claude Puel a payé pour sa communication interne et externe désastreuse. Il n’a rien fait pour se mettre les supporters et ses joueurs en poche. Il a été catastrophique. En Angleterre, il faut des entraineurs avec une bonne comm’, ce n’était pas le cas de Puel. Il dégage une vraie austérité ».

Le manager français paye aussi son faible bilan comptable : en 67 matchs à la tête des Foxes, il a glané en moyenne 1,33 point par match. Moins que lors de son passage à Southampton (1,38), mais aussi moins que ses les deux coaches précédents, Ranieri (1,59 en 81 matchs) et Shakespeare (1.50 en 26 matchs).

Une situation difficile pour chaque entraîneur passé par le club depuis le titre. En effet, « Leicester a du mal à redevenir Leicester » depuis ce titre de champion assez inouï. Les fans ont connu la joie de supporter le meilleur club anglais le temps d’une saison et ont sans doute du mal de passer du « caviar aux saucisses ». Ce qui peut expliquer une forme d’impatience ou un niveau d’exigence bien trop élevé.

Leicester devra donc utiliser le reste de cette saison 2018-2019, qui restera sans doute comme une des plus marquantes émotionnellement pour ce club, afin de préparer la prochaine.

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