Note of the day: Angleterre, safety first

Last Updated on 10 juillet 2021 by Thibault Dreze

Ils sont en finale. 25 ans après l’Euro et le pénalty raté par Southgate en demi contre l’Allemagne, le même homme tire son groupe vers une deuxième finale en grand tournoi. Avec le costume de dresseur de lions, cette fois. Vous avez dit symbolique ?


« Les Anglais c’est toujours la même chose. Ils survolent les qualifs, mais une fois arrivés au tournoi, ils ne font rien ». « Dommage, ils ont des joueurs incroyables, mais n’ont jamais de résultats ». Ces phrases, on les entend souvent. Entendues jusqu’ici en tout cas. Et ce n’était guère différent avant ce tournoi. Ni même durant les poules de cet Euro d’ailleurs. Deux victoires sans briller face à la Croatie et aux Tchèques et un nul contre le voisin de l’autre côté du mur d’Hadrien. Deux buts marqués, zéro encaissé. Rien d’impressionnant et pourtant les bases sont posées. Là où on attendait les Mount, Foden, Rashford, et autres Sancho pour égayer le jeu des Three Lions, les hommes en vue, outre Kane et Sterling, sont Rice, Philipps, Shaw voire Pickford.

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Southgate, l’eau qui dort

On l’a vite compris durant ce tournoi, les Anglais n’étaient pas là pour foncer tête baissée vers le but. Le maitre mot est réserve. Comme si Southgate avait, tel un enfant puni, écrit des centaines de fois sur un calepin que prudence était mère de sureté. Une prudence affichée dès les compositions d’équipe. Durant la phase de groupe, le coach anglais a souvent aligné des équipes avec 6 joueurs à vocation défensive. L’occasion pour Rice et Philipps de se démarquer dans l’entrejeu. Au profit des joueurs plus bankable que sont Mount, Foden ou Henderson. Les Anglais sont cliniques, tel un boxeur sur ses gardes qui attend le bon moment pour frapper fort. Une eau qui dort que peu de monde a soupçonné. Pendant que les autres étaient sous les projecteurs au milieu de la scène, les Anglais rampaient sous le plancher, prêts à faire mal.

Avec un discret Southgate à sa tête, la sélection anglaise a fait preuve d’une réelle maitrise et d’un solide mental. Une montée constante au fil de la compétition qui les amène aujourd’hui en finale. Presque ennuyante en poule, l’Angleterre a effectué une prestation marquante face aux Allemands avant de rouler sur l’Ukraine et de gagner son âpre combat face à des Danois survoltés. Mais cette montée en puissance n’est pas le fruit du hasard. En effet, Southgate l’avait promis : son équipe aller gérer son tournoi différemment que les précédents, mais même lui n’aurait peut-être pas imaginé ce niveau de maitrise et de confiance.

Un pragmatisme assumé puisque le Sunday Times a révélé fin juin qu’un document de travail établi par la FA avait été distribué à tous les sélectionneurs des équipes masculines et féminines, dans toutes catégories d’âges. Un « guide » qui préconisait « une approche prudente » au moment d’entamer la phase de groupes d’une phase finale. Des préceptes qui font curieusement penser à une autre équipe nationale. En effet, Southgate ne s’en est pas caché, la France championne du monde en 2018 a inspiré le tacticien anglais. L’objectif est une maitrise du match et du tempo de celui-ci. En confisquant le ballon autant que possible afin de ne pas laisser la rencontre s’emballer. Tout en étouffant petit à petit l’adversaire.

Des stars au frigo

Si l’on assiste à l’avènement du tandem Rice – Philipps dans le milieu, c’est aux dépens d’autres joueurs. Quand on observe le banc anglais contre le Danemark, on se dit que les joueurs présents rendraient jaloux bien des nations. Sont montés au jeu : Grealish, Foden, Henderson, tandis que Rashford et Sancho sont restés sur le banc. Une carte que n’hésite pas à abattre Southgate quand la situation n’est pas à l’avantage des Anglais. Comme contre l’Allemgne où la montée de Grealish a fait du bien à tout le monde. « Je pense surtout aux joueurs qui ne sont pas rentrés », a expliqué Southgate après la victoire face au Danemark. « Ils font partie intégrante de ce que l’on réalise, dans l’attitude. Ils sont phénoménaux dans leur sacrifice et leur esprit incroyable. C’est difficile de maintenir tout le monde motivé, impliqué et qu’ils sentent qu’ils sont appréciés. Mais si on en est en demi-finale, c’est grâce à cet esprit. »

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À côté de cela, il ne faut pas oublier le rôle de Kane et surtout Sterling qui ont porté l’équipe durant le tournoi. Pour le deuxième cité, c’est une vraie renaissance. Après une saison compliquée avec Manchester City, il brille avec sa sélection durant cet Euro avec 3 buts et un assist. Alors que les observateurs pensaient voir Grealish débuter, c’est bien Sterling, qui a grandi à côté de Wembley, qui est l’homme qui tire les Three Lions vers le haut.

De son côté Kane, qui a été fort critiqué en début de tournoi est, lui-aussi, monté en puissance au fil des matches. Dans un rôle quasi stakhanoviste, n’hésitant pas à décrocher et travailler dans tous les secteurs du jeu. Un joueur pour qui un trophée représenterait encore plus un sentiment d’accomplissement pour lui qui, à 27 ans, n’a toujours rien gagné.

On le sent, il se passe quelque chose outre-Manche. Certes, les Anglais auront joué 6 matches sur 7 à Wembley Certes, il n’y avait pas pénalty sur Sterling face au Danemark. Certes, ce n’est pas spécialement du football enthousiasmant. Certes, des fans anglais ont hué l’hymne danois et utilisé un laser pour gêner Schmeichel. Autant de raison de ne pas souhaiter un succès anglais en finale. Mais d’un autre côté, Southgate a définitivement remis son équipe au premier plan et ramené un sentiment de fierté à ses joueurs, mais aussi et surtout, à sa nation. « Le pays a tellement de raisons d’être fier. Il est temps d’arrêter de regarder les aspects négatifs de notre propre nation », a-t-il expliqué en marge de la finale face à l’Italie.

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